Une étude anglo-française fait état pour la première fois d’une infection atypique avec myocardite chez 11 animaux de compagnie (8 chats et 3 chiens) par le variant anglais du Sars-CoV-2, 3 à 6 semaines après que leurs propriétaires ou promeneurs aient été eux-mêmes atteints.
Luca Ferasin, vétérinaire spécialiste britannique en cardiologie, rapporte dans une publication en soumission sur BIORxiv une augmentation rapide et éphémère, dans son centre de référé vétérinaire, entre décembre 2020 et février 2021, lors de la flambée épidémique du nouveau variant de Sars-CoV-2, de 11 cas de myocardites, sans signes associés de l’appareil respiratoire supérieur (écoulement nasal, éternuement, toux). Aucun de ces animaux n’avait d’antécédents cardiaques et tous ont présenté un abattement soudain, avec de la tachypnée/dyspnée et parfois des syncopes. La troponine était très élevée (médiane à 6,8 ng/ml pour des valeurs de référence entre 0 et 0,2ng/ml). La mise au repos en cage, avec oxygénothérapie, diurèse forcée et parfois l’administration d’anti-arythmiques, a permis en quelques jours de soins intensifs qu’ils puissent être rendus à leur propriétaire, avec un traitement par voie orale. Une chatte a rechuté une semaine après, et les propriétaires ont demandé son euthanasie.
Contamination par les humains
La grande majorité des propriétaires avait développé des signes respiratoires, compatibles avec la Covid-19, 3 à 6 semaines auparavant. Les prélèvements oro-nasopharyngés et rectaux réalisés, ainsi que les prélèvements sanguins, ont été confiés à l’équipe d’Eric Leroy au laboratoire MIVEGEC (Montpellier). Tous les prélèvements oro-nasopharyngés se sont révélés négatifs, et, au total, 6 des 11 animaux ont présenté des RT-PCR ou sérologie positives pour le variant anglais (B.1.1.7). Cinq personnes étaient positives à la Covid-19, et quatre de leurs animaux l’étaient également. A priori, mais il n’y a eu qu’un seul prélèvement rectal réalisé, la charge virale chez l’animal est très faible, l’excrétion très courte (24 à 48H), avec un risque de contamination très faible.
Mieux surveiller les infections animales potentielles avec tous les nouveaux variants
Jusqu’à présent, que ce soit lors d’infection naturelle avec contamination par le propriétaire ou lors d’infection expérimentale, les chats et les chiens n’avaient jamais développé de signes cardiaques, qui sont connus en humaine avec le syndrome inflammatoire multisystémique. Les auteurs appellent à mieux surveiller les infections animales potentielles avec tous les nouveaux variants (anglais, sud-africain B.1.351, brésilien P.1 ...) qui, en raison de leur contagiosité plus élevée, interrogent de nouveau sur le rôle potentiel des animaux de compagnie dans la dynamique des épidémies de SarS-CoV-2. Actuellement, aucun test sérologique ne permet d’identifier spécifiquement le variant B.1.1.7 chez l’animal. En cas de suspicion, avec des signes cardiaques, et si vous souhaitez contribuer aux recherches en cours, n’hésitez pas à contacter notre confrère Eric Leroy (eric.leroy@ird.fr).