Une étude sonde les effets néfastes de la stérilisation - Le Point Vétérinaire.fr

Une étude sonde les effets néfastes de la stérilisation

21.03.2013 à 06:00:00 |
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Une étude publiée en ligne* crée un début de polémique quant à l’influence de la stérilisation sur la survenue de troubles articulaires et de cancers chez le Golden retriever.

Ce travail rétrospectif porte sur 759 golden retrievers, âgés d’un à huit ans, admis au Veterinary Medical Teaching Hospital de l’université de Californie, entre 2000 et 2009. Pour les mâles comme pour les femelles, les auteurs distinguent les animaux entiers, ceux stérilisés avant l’âge d’un an, et ceux opérés après.

Les tests utilisés montrent des différences statistiquement significatives :
- la dysplasie de la hanche est deux fois plus fréquente chez les mâles castrés précocement que chez les entiers ;
- aucune rupture du ligament croisé cranial n’est diagnostiquée chez les animaux entiers, alors qu’elle affecte 5,1 % des mâles et 7,7 % des femelles opérés jeunes ;
- les mâles stérilisés avant un an présentent trois fois plus de risque de développer un lymphome que les entiers ;
- les hémangiosarcomes sont quatre fois plus fréquents chez les femelles stérilisées tardivement que chez les femelles entières ou opérées précocement ;
- pour les mastocytomes, la différence est significative entre les femelles stérilisées tardivement et celles opérées jeunes. Aucune femelle entière n’en a présenté un.

Les auteurs précisent qu’aucune tumeur mammaire n’a été diagnostiquée chez les femelles non opérées, ce qui pour eux est cohérent avec d’autres publications qui infirment le rôle protecteur de la stérilisation sur la survenue de ces tumeurs.

Quelle attitude adopter ?

Pour les auteurs, l’incidence augmentée des troubles articulaires s’explique conjointement par l’influence de la castration sur les plaques de croissance osseuses et par l’augmentation du poids des animaux. Pour les hémangiosarcomes et les mastocytomes, les œstrogènes joueraient un rôle sensibilisant puis protecteur. S’ils recommandent de castrer les mâles tardivement, la question reste en suspens pour les femelles.

Notre consœur Brigitte Silliart, responsable des services diagnostiques au CHUV d’Oniris, met l’accent sur le rôle clé du surpoids, favorisé par la castration : « L'obésité est une grave maladie inflammatoire, associée à de fortes sécrétions de facteurs de croissance qui, à leur tour, provoquent tous les types de tumeur. En outre, ses répercussions sont multiples : elle favorise les affections musculo-squelettiques, la stéatose (risque d’insuffisance hépatique), l’hypertension (risque d’insuffisance rénale), diminue l’efficacité du système immunitaire et augmente les risques anesthésiques, etc. ».

Pour limiter ses effets néfastes, et à condition que les animaux soient correctement médicalisés pour dépister toute tumeur émergente, une castration tardive pourrait être envisagée chez les mâles, vers huit à dix ans (avant l’aggravation des affections prostatiques ou testiculaires), et dès le premier problème gynécologique chez les femelles. Une attitude à moduler selon le format des animaux : « Les femelles de type lourd présentent une forte sécrétion d’IGF1**, encore augmentée en metœstrus par la sécrétion mammaire d’hormones de croissance, et sont de toute façon prédisposées à l’obésité. Il semble donc préférable de les stériliser jeunes. »

Pour chaque maladie considérée dans cette étude, les effectifs d’animaux atteints sont faibles. Des recherches approfondies, avec un recrutement plus large des chiens (pas seulement en centre spécialisé), sont nécessaires pour confirmer les tendances avancées par les auteurs. Comme les prédispositions génétiques varient selon les races canines, l’approche raciale est intéressante, mais elle incite à ne pas extrapoler les conclusions, dans l’attente de nouveaux résultats.

Hélène Rose

* Torres de la Riva G., Hart B.L., Farver T.B. et coll. Neutering dogs : effects on joint disorders and cancers in golden retrievers. Plos One 8(2) :e55937. doi :10.1371/journal.pone.0055937

** IGF1 : Insuline-like growth factor 1, sécrété majoritairement par le foie

Pour plus d’informations, voir La Semaine Vétérinaire n° 1532 du 22/03/2013 en pages 18 et 19

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