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Une femme vétérinaire australienne engagée pour le bien-être animal

Anne - Claire Gagnon | 08.03.2019 à 09:10:00 |
Sue Foster
© D.R.

En cette journée du 8 mars des droits des femmes, Sue Foster témoigne de son engagement pour le bien-être animal.

Aimer les vaches, les chats et la biologie clinique tout en s'engageant pleinement pour le bien-être animal, c'est possible et Sue Foster en est la preuve vivante. Après avoir été vétérinaire praticien en clientèle mixte pendant dix ans, elle s'est tournée vers la médecine des animaux de compagnie (devenant spécialiste en médecine féline) et la biologie, tout en s'investissant dans la protection des animaux exportés vivants par l’Australie pour les abattoirs d’autres pays. 

Images choc en prime time
En 2011, à la suite des images diffusées par la chaîne ABC dans un reportage intitulé Bloody Business, montrant la cruauté dont est victime le cheptel australien, le gouvernement australien avait arrêté durant six mois l'exportation du cheptel vivant vers l'Indonésie. En 2012 cependant, des faits similaires ont été à nouveau dénoncés sur la même chaîne, parlant de l'épidémie de cruauté à bord des bateaux puis sur place, pour les moutons dont 22 000 furent abattus sauvagement au Pakistan. 

Le silence des moutons
Devant le silence de la profession, en mars 2012, une poignée de vétérinaires indépendants décide alors de créer Vets Against Live Export (VALE), dont Sue Foster est la porte-parole. Ils vont enquêter, dénoncer, lever l'omerta en mettant en avant les incohérences entre les standards établis pour le transport des animaux (l'Australie est le plus grand exportateur mondial de vaches et moutons, pour la reproduction ou pour les abattoirs) et le non-respect patent des conditions de vie à bord de ces bateaux, où la souffrance est légion. Depuis 30 ans, la mortalité est souvent au-delà des 2% autorisés, avec des pointes à 7,91% (même en avion, pour défaut de régulation de la température). 
 
Des mesures tièdes contre la chaleur infernale
En avril 2018, à la suite du reportage Sheep, Ships and Videotape sur Channel Nine's 60 Minutes, le Ministre fédéral de l'Agriculture David Littleproud a dit son émotion, bouleversé d'avoir vu 2500 moutons mourir de chaud et de soif sur un bateau entre l'Australie et les Emirats Arabes. Et il a encouragé les lanceurs d'alerte à poursuivre leur œuvre, pour l'honneur de l'Australie, en bloquant plus de 65 000 moutons prêts à s'embarquer. Cependant, les mesures qu'il a prises (réduire la mortalité autorisée de 2 à 1% et augmenter la superficie allouée aux moutons de 30%) ne suivent ni les données de la science (prévenir les coups de chaleur, responsables de la mortalité) ni les recommandations des professionnels.

Vétérinaires inspecteurs de bateaux
L'AVA avait pris position en 2014 pour que des vétérinaires réellement indépendants soient affectés au contrôle des animaux dans les bateaux. C'étaient et ce sont encore les compagnies exportatrices qui salarient ces vétérinaires, pieds et poings liés à leurs employeurs. En 2018, l'AVA a, par deux fois, appelé les autorités, comme VALE s'y emploie depuis 2012, à suspendre toute exportation pendant l'été (de mai à octobre) pour ne pas mettre la vie des moutons en danger. Appel que les autorités n'ont pas entendu, même si désormais, théoriquement, un observateur indépendant (salarié du gouvernement) devrait accompagner chaque bateau.
Dans le port de Fremantle, sur les ondes et réseaux sociaux, inlassable, méthodique, Sue Foster poursuit le combat de VALE, pour que vaches et moutons australiens ne meurent plus de blessures, de soif, de faim ni de chaleur sur des bateaux d'un autre âge.

 

Le calvaire des moutons australiens sur les bateaux de la honte
Les moutons australiens sont élevés en extensif, mangeant de l'herbe toute leur vie. Avant de prendre le bateau, ils ont déjà parcouru un long trajet pour venir au port de Fremantle. Une fois à bord, le confinement est extrême, la densité n'étant pas conforme aux standards. A bord, les moutons meurent de faim (ils ne consomment pas les pellets qu'on leur donne, très différents de l'herbe à laquelle ils sont habitués), de soif (par manque d'eau) et surtout de chaleur (par manque de climatisation sur des ponts de bateau qui circulent au-delà du 26ème parallèle, dans des conditions de chaleur mortelle pendant l'été). Entre l'Australie et le Qatar/Emirats Arabes Unis, il faut compter 19 jours de bateau, avec parfois 11 jours consécutifs à plus de 30°C, avec un taux d'humidité délétère. Les moutons, peu adaptés à ces conditions, hyperventilent, les sabots dans leurs urines, et souvent décèdent de coup de chaleur. 2400 moutons morts à bord, pour un taux de 3,76%, par exemple.

Anne - Claire Gagnon
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