Une nouvelle méthode de modélisation de la production de méthane par les ruminants - Le Point Vétérinaire.fr

Une nouvelle méthode de modélisation de la production de méthane par les ruminants

Clothilde Barde | 11.08.2020 à 08:00:00 |
vache
© VLIET

Des chercheurs de l’Institut National de la recherche agronomique (Inrae) viennent de proposer une nouvelle méthode pour quantifier les émissions de méthane par les ruminants dans différents systèmes de production et tenter ainsi de réduire l’impact environnemental de l’élevage.

« Les émissions de méthane liées à l’élevage doivent être évaluées précisément et de manière standardisée afin d’être prises en compte dans ces inventaires » est une des exigences de la Convention des Nations Unis pour le changement climatique. C’est pourquoi, une équipe de chercheurs de l’Inrae et d’AgroParisTech, en collaboration avec le Citepa (Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution de l’air), vient de proposer une nouvelle méthode pour quantifier les émissions de méthane par les ruminants dans différents systèmes de production, reposant sur l’exploitation de bases de données provenant de différentes études internationales. 
Une source de pollution environnementale
En effet, les ruminants représentent une source importante de méthane (gaz à effet de serre (GES) impliqué dans le réchauffement climatique), via leurs fermentations entériques et leurs déjections. Pour réaliser des inventaires nationaux des émissions de GES précis et standardisés, les émissions de méthane liées à l’élevage doivent donc être prises en compte. A cet égard, les chercheurs développent des modèles mathématiques qui reposent sur des équations complexes, intégrant diverses données d’élevage (taille du cheptel, catégories d’animaux, systèmes de production et d’alimentation, gestion des fumiers).
Des travaux préalables
En 2018, les chercheurs de l’Inrae avaient proposé une méthode de calcul des émissions de méthane dans les systèmes français d’élevage méditerranéen de petits ruminants intégrant l’usage de différentes ressources pastorales dans l’alimentation, des niveaux de performances zootechniques (gain moyen quotidien notamment), et de la conduite d’élevage. Ils avaient ainsi pu démontrer que les émissions en système pastoral extensif sont légèrement plus faibles que dans un système sédentaire, mais un âge d’abattage tardif des agneaux contribue à l’augmentation des émissions de méthane. Puis en 2019, l’organisme de recherche a développé une nouvelle méthode de calcul répondant aux critères du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), qui tient compte de tous les facteurs modulant les émissions de méthane des ruminants, afin d’atteindre un niveau de précision maximal. 
Un outil plus performant
La principale amélioration apportée dans cette méthode réside dans l’utilisation d’une équation fondée sur la matière organique ingérée (MOI), pour prédire les émissions de méthane entérique (à partir de la MOI digestible) et issu des déjections (à partir de la MOI non digestible). Cette méthode qui permet également d’évaluer les quantités d’effluents d’élevage produits à l’échelle du cheptel français (fumiers, lisiers) a été utilisée dans les inventaires nationaux les plus récents et elle est désormais intégrée à l’outil CAP2ER, le diagnostic d’évaluation environnementale en élevage déployé par la filière bovine française. Les experts internationaux, les acteurs gouvernementaux (ministères…), les acteurs des filières agricoles et les agriculteurs pourront dès lors quantifier et proposer des leviers d’actions efficaces pour réduire les GES, enjeu stratégique pour limiter l’impact de l’élevage sur le réchauffement climatique.

Clothilde Barde
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