La résistance de certaines bactéries aux antibiotiques constitue une menace pour la santé humaine et animale. Une certaine prudence dans l’utilisation de ces produits doit s’imposer. Pour aider les praticiens qui interviennent en productions animales, la Société nationale des Groupements techniques vétérinaires (SNGTV) a élaboré un manuel à partir des recommandations internationales et de la législation nationale.
L’enjeu dépasse largement le cadre national. A l’échelon international, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont consulté des experts à plusieurs reprises depuis 2003. Une task force du Codex alimentarius, lancée en 2007, a pour objectif « d’élaborer les lignes directrices sur la manière d’évaluer les risques associés à la présence de bactéries résistantes dans les aliments d’origine animale ». La gestion du risque et son évaluation sont aussi d’actualité en Europe. En décembre 2008, la Commission européenne a mandaté plusieurs agences (EMEA, Efsa, ECDC, SCENIHR) afin qu’elles établissent, pour la première fois, un « rapport commun sur l’antibiorésistance centré sur les infections zoonotiques » qui doit être rendu ce mois-ci. En outre, une coordination du suivi des ventes d’antibiotiques au niveau européen se met en place depuis le début de l’année, gérée par l’EMEA. La deuxième journée de sensibilisation (antibiotic awareness day) sera en outre organisée le 18 novembre prochain. La Commission européenne en profitera pour initier la présentation des mesures de gestion de l’antibiorésistance.
Déterminer ce qui, dans chaque filière, constitue une pratique à risque
L’antibiorésistance représente une menace pour la santé publique. La gestion de ce risque pourrait avoir comme conséquence l’interdiction de l’utilisation de certaines molécules ou familles de molécules en santé animale. Fluoroquinolones, céphalosporines, macrolides sont concernés en priorité, mais les tétracyclines sont également susceptibles de faire partie d’une liste d’antibiotiques critiques, dont l’usage serait réservé à l’homme. Le guide présenté par la SNGTV s’inscrit dans la continuité de son action de formation des vétérinaires et des éleveurs, initiée avec la publication du Guide de bonnes pratiques du médicament dans les cabinets vétérinaires, en 2000. Il servira de base de travail pour déterminer ce qui, dans chaque filière ou type de production animale, peut constituer une pratique à risque, et ainsi donner des lignes de conduite pour corriger ces pratiques, ou fournir des solutions de remplacement en cas de diminution de l’arsenal thérapeutique vétérinaire. Des plans d’action seront élaborés par filière ou pour certaines affections. Dans le but de favoriser une utilisation raisonnée et prudente des antibiotiques, ils offriront aussi des alternatives à ces traitements, lorsque cela sera possible.
Stéphanie Padiolleau