Les experts de la plateforme d’épidémiosurveillance animale (ESA) viennent de remettre un rapport dans lequel ils signalent une recrudescence des cas d’Usutu (USUV) en France cette année.
Le virus Usutu (USUV) est un virus zoonotique, véhiculés par des moustiques du genre Culex, d'origine africaine considéré actuellement comme « émergent ». En Europe, c'est le merle noir (Turdus merula) qui semble en être la principale victime. Chez l’homme, les cas restent rares avec 26 cas d’infections rapportés pour l'Europe entière lors des six premiers mois de 2018. Cependant, ce chiffre est certainement sous évalué car il n'existe pas de test de détection dans le commerce et les symptômes de l'infection sont encore mal connus des médecins.
Une infection plus précoce et plus largement distribuée
Il apparaît par conséquent pertinent de poursuivre la surveillance du virus aussi bien pour son potentiel infectieux chez l’Homme que pour les taux de mortalité importants observés chez certaines espèces d’oiseaux sauvages. Bien que détecté habituellement chaque année en France dans l’avifaune sauvage en période estivale depuis 2015, les experts ont constatés que cette année (ESA) la circulation de l’infection est plus précoce et plus largement distribuée. Entre le 31 juillet (date du 1er isolement) et le 27 août 2018, l’USUV a en effet été détecté par le Laboratoire de santé animale Anses, dans dix-sept départements chez des merles noirs et des chouettes des parcs zoologiques (chouette lapone (Strix nebulosa), chouette hulotte (Strix aluco)) en majorité.
Une situation préocupante
Et cette situation est alarmante pour l’avifaune locale. En effet, de récents résultats obtenus aux Pays-Bas suggèrent que la mortalité associée à la circulation importante du virus constatée cette année pourrait avoir un impact négatif sur l’évolution des populations de certaines espèces d’oiseaux comme le Merle noir. Une baisse de 15 % du nombre de Merles noirs a ainsi déjà été constatée dans ce pays en comparaison de l’année précédente. En France cependant il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’impact démographique de l’épisode en cours.
Les experts estiment enfin que cette épizootie risque de se prolonger encore jusque fin octobre, date théorique de fin de circulation des vecteurs moustiques du genre Culex.