Face aux risques sanitaires importants des marchés traditionnels qui commercialisent des animaux vivants, l'Organisation mondiale de la santé animale a émis des recommandations le 12 avril 2021.
Réduire les risques pour la santé publique. Tel est l'objectif du récent rapport de l'OIE, de l'OMS (Organisation mondiale de la santé), de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et de l'UNEP (Programme des Nations Unies pour l'environnement) portant sur les risques pour la santé publique de la vente de mammifères sauvages vivants dans les marchés traditionnels de certaines régions du monde, qui vient de paraitre. En effet, à l'instar de la pandémie actuelle de COVID-19 (SRAS-CoV-2), certaines des maladies zoonotiques qui sont apparues ces dernières années trouvent leur origine dans le commerce d'animaux sauvages, selon les experts. Bien que le mécanisme spécifique de l'émergence du SRAS-CoV-2 n'a encore pas été définitivement identifiée, il est avéré que des interactions homme-animal permettant le passage d'un agent pathogène interspécifique ont permis l'émergence de la maladie chez l'homme.
Une transmission inaperçue
Les marchés alimentaires traditionnels sont la source alimentaire principale de très nombreuses personnes à faible revenu dans diverses régions du monde. Réglementés par des autorités locales compétentes, ils permettent souvent la vente et l'abattage d'animaux sauvages. Or, ces mammifères sauvages capturés sont susceptibles de transporter des agents d'infections zoonotiques qui peuvent ne pas être détectés et affecter les humains qui y sont exposés. De plus, lorsqu'ils sont gardés en cages ou en enclos puis abattus dans ces zones, ils peuvent contaminer par leurs fluides corporels (matières fécales et autres déchets) les travailleurs et les clients. Comme l'indique le rapport "de tels environnements sont propices à l'amplification et à la propagation de virus animaux, dont les coronavirus qui peuvent alors se transmettre à de nouveaux hôtes, comme ce fut le cas lors des épidémies de SARS (severe acute respiratory syndrome) en 2003 et de MERS (Middle East respiratory syndrome) en 2012".
Des recommandations à respecter
C'est pourquoi, étant donné que les risques de maladies zoonotiques varient selon les espèces animales et selon le système d'élevage et de commercialisation, une évaluation des risques est nécessaire pour déterminer les stratégies de gestion des risques appropriées. A cet égard, l'OMS en collaboration avec la FAO, l'OIE, le PNUE et d'autres agences internationales, ont proposé quelques recommandations pour les marchés alimentaires traditionnels où des animaux vivants sont vendus pour l'alimentation notamment. Selon les experts, les gouvernements nationaux devraient envisager d'adopter certaines mesures afin de rendre les marchés traditionnels plus sûrs. Parmis celles ci, "l'arrêt du commerce de mammifères sauvages vivants capturés à des fins d'alimentation ou d'élevage ainsi que la fermeture des sections de marchés alimentaires vendant ces animaux devraient être faits de toute urgence" indique le rapport. Par ailleurs, la base réglementaire devrait être renforcée pour améliorer les normes d'hygiène et d'assainissement sur les marchés alimentaires traditionnels et "des évaluations des risques de transmission de microorganismes zoonotiques provenant d'élevages d'animaux sauvages" devraient être conduites. Les règlements devraient également aborder la traçabilité des animaux sauvages d'élevage pour s'assurer de bien les distinguer des animaux sauvages capturés.
Vers une meilleure information
Enfin, comme l'indique le rapport, il est également important de veiller à ce que les inspecteurs des aliments soient correctement formés, qu'ils suivent la réglementation en vigueur et qu'ils soient dotés de ressources adéquates. Des campagnes d'informations sur la sécurité sanitaire des aliments et sur les risques de transmission d'agents pathogènes zoonotiques suite à la consommation et au commerce d'animaux sauvages capturés destinés aux commerçants des marchés traditionnels, aux détenteurs de stands, aux consommateurs ainsi qu'au grand public pourraient enfin être mises en place. A cet égard, en l'absence de réglementation efficace, l'OMS, l'OIE, la FAO et le PNUE s'engagent à aider les gouvernements à renforcer leurs réglementations en matière de sécurité alimentaire afin d'interdire la commercialisation et la vente d'animaux sauvages vivants capturés comme nourriture.