Vers de nouvelles propositions pour la protection des élevages de bétail et des grands carnivores en Europe?

Le Parlement Européen reconnaît que les attaques de grands carnivores sont en augmentation dans toute l’Europe et qu’elles ont eu des effets négatifs pour les éleveurs, dans une résolution commune, visant à modifier les règles de protection des élevages de bétail et des grands carnivores en Europe, du 24 novembre 2022. En effet, selon ce texte, une extension de l’aire de répartition ainsi qu'une recolonisation par certains grands prédateurs (loups et ours notamment) est visible dans de nombreuses régions d’Europe. Ce phénomène les met en conflit avec certaines activités humaines, en particulier avec le pâturage extensif des ovins et des bovins. Les éleveurs pastoraux font ainsi face actuellement à des coûts importants suite à la prédation exercée sur leurs troupeaux avec de "grande disparité entre les États membres et les régions en ce qui concerne les mesures mises en oeuvre" (fonds d’indemnisation et d’adaptation) .

Comme l'indquent les parlementaires, avec l’adoption de la Directive «habitats» et de traités internationaux comme la Convention de Berne, le nombre de loups a sensiblement augmenté ces dix dernières années pour atteindre 17 000 individus en Europe continentale en 2018 (vs 12 000 loups en 2012) alors que le nombre d’individus des autres espèces s'est stabilisé (9 000 lynx eurasiens, 17 000 ours bruns et 1 250 gloutons). De plus, l’aire de répartition des loups a augmenté de plus de 25 % en Europe, au cours des dix dernières années selon une évaluation de 2022 et le nombre d'attaques du bétail par les loups est en augmentation (en 2020, le nombre d’animaux d’élevage attaqués s’est élevé à 11 849 en France, par exemple).

Par conséquent, afin de "favoriser une cohabitation pérenne entre l’homme, le bétail et les grands carnivores, le Parlement Européen invite la Commission et les États membres à tout mettre en œuvre pour éviter les souffrances et les dommages causés aux animaux d’élevage en continuant à évaluer les progrès accomplis pour atteindre un bon état de conservation des espèces". A cette fin, il est demandé à la Commission Européenne d'établir un rapport sur les effets de la présence de grands carnivores en Europe, sur la viabilité de l’élevage de bétail, sur la biodiversité, sur les communautés rurales et sur le tourisme rural dans le contexte des facteurs socioéconomiques qui pèsent sur la viabilité de l’élevage de bétail.