Dans un communiqué commun du 17 mars 2022, les organisations professionnelles et coopératives agricoles de l’Union européenne (UE) ont interpellé la Commission européenne sur la gestion des espèces de grands carnivores inscrites comme strictement protégées au sein de l'UE.
"L’augmentation de certaines populations de grands carnivores et les dégâts qu’elles provoquent nécessitent une révision juridique de leur statut de protection" selon le Copa-Cogeca. En effet, la directive 92/43/CEE du Conseil, du 21 mai 1992, relative à la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages a permis de protéger une grande variété d’habitats et d’espèces au sein de l’Union européenne au cours des trente dernières années. Or, même si l'objectif primordial de cette directive (article 2) est d'« assurer le maintien ou le rétablissement, dans un état de conservation favorable, des habitats naturels et des espèces de faune et de flore sauvages d'intérêt communautaire », tout en veillant à ce que les États membres « tiennent compte des exigences économiques, sociales et culturelles, ainsi que des particularités régionales et locales », selon les organisations agricoles, le « document d’orientation concernant la protection stricte des espèces animales d’intérêt communautaire couvertes par la directive Habitats publié récemment par la Commission européenne ne fournit pas suffisamment de conseils et de précisions concernant la
gestion des espèces strictement protégées compte tenu de la forte augmentation des populations de grands carnivores et des problèmes croissants de coexistence».
Ainsi, le communiqué déplore le fait que certaines espèces de grands carnivores de l’UE ne nécessitent plus une protection stricte au titre de l’annexe IV de la directive Habitats, car elles ne sont plus considérées comme en danger ou vulnérables mais figurent toujours comme des « espèces strictement protégées ». En ce qui concerne le bétail, ils indiquent que l’augmentation du nombre de grands carnivores suscite également une hausse de la peur et des attaques du bétail avec un investissement (temps, argent et efforts) non négligeable pour la mise en place de mesures de prévention, qui font généralement "plus de mal que de bien à la protection et au rajeunissement de nos habitats riches en biodiversité". C'est pourquoi, il est demandé aux politiques dans ce communiqué de mettre en place une procédure pour mettre à jour les annexes de la directive Habitats afin d’adapter le statut de protection des espèce, en soulignant le fait que "toutes les espèces reprises à l’Annexe V sont tout de même protégées".
La flexibilité est essentielleSelon le Copa-Cogeca, les États membres doivent donc veiller à ce que leur prélèvement dans la nature et leur exploitation soit compatible avec "le maintien de ces espèces dans un état de conservation favorable". En outre, l'obligation de suivi inscrite dans la directive Habitats impose aux États membres la mise en place d’un système de surveillance permanent et structuré, selon le communiqué. Il convient donc de noter que "bien que le cadre juridique général pour la gestion et le conservation des populations de grands carnivores soit fixé au niveau européen, les décisions de mise en oeuvre devraient être définies et appliquées aux niveaux régional et local, sur la base d'une gestion active, afin de renforcer le sentiment d'autonomie, de réduire les conflits avec les personnes qui vivent dans la même zone que les grands carnivores et de garantir une coexistence réussie". Enfin, il est nécessaire selon eux pour promouvoir une coexistence réussie de faire preuve de flexibilités pour gérer les conflits régionaux avec les grands carnivores.