C’est une des conclusions de l’évaluation menée par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. La probabilité que le virus se propage chez des personnes ayant des partenaires sexuels multiples est, par contre, estimée à « élevée ».
L’ECDC, European centre for disease prevention and control, vient de publier une évaluation des risques relative au virus de la variole du singe (Monkeypox). Les conclusions sont rassurantes.
Selon les experts, le risque de diffusion au sein de la population générale des pays européens, est considéré comme « très faible ». Cela « conduit à un risque global faible pour la population générale », est-il indiqué. A l’exception potentiellement des jeunes enfants, femmes enceintes, personnes âgées et personnes immunodéprimées, qui pourraient être plus à risque de développer une clinique sévère.
Au contraire, le risque de diffusion est considéré comme « élevé » pour les personnes ayant des partenaires sexuels multiples. Cela est liée au fait que les cas décrits actuellement le sont principalement chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. En découle un risque global pour la santé « modéré », sachant bien qu’à ce stade, « le nombre de cas signalés est trop faible pour permettre une estimation fiable des taux de morbidité et de mortalité graves ». Les seules données disponibles pour les pays hors zones d’endémie sont celle de l’épidémie ayant eu lieu en 2003 aux Etats-Unis, consécutives à une exposition avec des animaux infectés : « 5 des 34 cas confirmés ont été gravement malades, mais aucun décès n’a été déploré. Les patients de moins de 18 ans n’étaient pas plus atteints que les autres », est-il indiqué.
Vers une stratégie vaccinalePour les experts de l’ECDC, les pays doivent maintenant se concentrer sur l’identification précoce des cas, et leur signalement, en association à une recherche rapide des cas contacts. En parallèle, les autorités sanitaires doivent évaluer la disponibilité des vaccins contre la variole, des molécules antivirales tout comme des équipements de protection individuelle pour les professionnels de la santé.
En France, la Haute Autorité de Santé vient justement de préconiser d’utiliser une stratégie vaccinale en post-exposition. Il ne s’agit pas d’un vaccin spécifique au Monkeypox, mais d’un vaccin de 3ième génération contre la variole humaine (vaccin non réplicatif, avec moins d’effets secondaires, dont effets graves), lequel a néanmoins montré une efficacité de 85% pour la prévention de Monkeypox. Ce vaccin serait à administrer dans les 4 à maximum 14 jours après le contact à risque, y compris pour les professionnels. Ce vaccin dispose déjà d’une AMM européenne depuis juillet 2013 (Imvanex© de la firme Bavarian Nordic).
Une approche « One Health »Au-delà de la gestion de la santé humaine, les experts de l’ECDC soulignent bien l’importance de la collaboration avec les autorités vétérinaire « afin de s’assurer des moyens disponibles pour mettre en oeuvre une quarantaine et un dépistage des mammifères de compagnie exposés ». En effet, selon eux, si « peu de choses sont connues sur l’aptitude des espèces animales péridomestiques européennes à servir d’hôtes au virus », on ne peut pas exclure la transmission de l’humain aux animaux de compagnie. « Un tel évènement pourrait conduire à l’établissement du virus dans la faune sauvage européenne et à l’endémisation de la maladie ». Un principe de précaution donc, qui pousse les experts de l’ECDC à préconiser des mesures fortes : isolement des rongeurs de compagnie exposés dans des installations surveillées, et réalisation de test de dépistage (PCR) avant la fin de la quarantaine. « D’autres espèces de mammifères de compagnie peuvent être isolées à la maison, si les conditions de bien-être animal le permettent (accès à un extérieur pour les chiens…) » Dans la nature, en Afrique, le virus de la variole du singe circule à priori chez plusieurs mammifères, en particulier les écureuils, rats gambiens, souris rayées, loirs et primates.
Au 23 mai 2022, selon les données de l’ECDC, 67 cas de variole du singe ont été confirmés dans 9 Etats membres, et au moins 42 autres cas suspects étaient en cours d’investigation : Portugal, Espagne, Belgique, Allemagne, France, Italie, Suède, Pays-Bas et Autriche. La Suisse a aussi confirmé un cas. Hors Europe, des cas ont été confirmés au Canada, aux Etats-Unis, en Australie, en Israël.