![Sarah Bonny : Vétérinaire dans l’outback australien](https://www.lepointveterinaire.fr/images/dd4/344626481ae82c89fc9a408210895/site_vet3r_actu61145_photo.jpg)
Diplômée de l’université de Perth depuis seulement 2009, le Dr Sarah Bonny travaille maintenant au Kimberley Vet Center de Kununurra, au nord ouest de l’Australie, la seule clinique à plus de 800 km aux alentours. Portrait d’une vétérinaire d’une des régions les plus reculée de cet immense pays.
Etudiante, Sarah ne se destinait pas à exercer dans une région reculée mais se dirigeait plus vers une pratique bovine. « J’ai dû rapidement être autonome. Lors de mon premier emploi à Dardanup (une commune de 1000 habitants au sud-ouest de l’Australie), mon patron m’a laissé seule alors que j’exerçais depuis 3 jours seulement ! » Une qualité qui lui sert énormément depuis qu’elle travaille à Kununurra.
« Etre aussi isolé nous oblige à chercher de l’aide différemment. Cette aide vient souvent de l’autre côté de la ligne : un centre de spécialiste, un laboratoire voire l’université. Référer un cas n’est pas très aisé techniquement ni financièrement pour la plupart des propriétaires. On est souvent amené à procéder à une intervention que l’on ne connaît que dans les livres. La plupart des propriétaires sont néanmoins très contents de nous laisser essayer, car ils n’ont pas forcément d’autres options. »
Les Kimberleys sont aussi une immense région minière et pastorale ce qui influe également sur la nature des consultations. « Ici, impossible de choisir sa clientèle. On ne peut pas refuser des gens, car ils n’ont nulle part d’autre où aller pour leurs animaux. La plupart des propriétaires ne connaissent pas grand-chose à leur animal et ont des contacts limités avec eux, les laissant se promener dans le bush la plupart du temps. Beaucoup de chiens sont des animaux de travail ou d’énormes chiens de gardes pas souvent très commodes ! Les aborigènes possèdent leurs animaux aussi qu’ils nous amènent, mais ils ont une vision totalement différente de l’évolution des maladies et aussi de l’euthanasie de par leur culture. »
Les consultations sont très variées et le rythme de travail soutenu car seulement deux vétérinaires se relaient. Beaucoup d’urgences sont traitées au KVC qui propose des gardes 24h/24 et 7j/7.
« On ne sait jamais ce que nous réserve le prochain appel. On peut passer d’un chien mordu par un crocodile ou tombé du pick-up à récupérer un collier GPS d’un iguane ayant été englouti dans un python ! Certains propriétaires n’hésitent pas à conduire plus de 500 kilomètres pour amener leur animal en urgence. A côté de cela peu de médecine préventive est réalisée sur les animaux, peu sont vaccinés contre la parvovirose ce qui nous vaut souvent des épidémies. On essaie de faire changer cela en éduquant les personnes. »
Dans une petite ville comme Kununurra, il est difficile aussi de ne pas être connu comme « le vétérinaire » ce qui peut créer de drôles de situations. « L’équilibre travail-vie personnelle est très dur à trouver. On est toujours le vétérinaire, même au bar. Une fois, une cliente est même venue jusque dans ma salle de bain en tenant dans ses bras son chien qu’elle venait juste de renverser ! Même si c’est un métier prenant cela m’aura permis de toucher à beaucoup d’aspect de la médecine vétérinaire et d’apprendre à communiquer avec des propriétaires aussi très indépendants ! »
Thomas Parmentier
Cet interview a été conduit dans le cadre d’un stage au KVC réalisé grâce au soutien de l’Association des Anciens Élèves de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes et d’Oniris