La contention du lapin et des rongeurs - Ma revue n° 1651 du 01/11/2015 - Le Point Vétérinaire.fr
Ma revue n° 1651 du 01/11/2015

MÉDECINE DES NAC

Formation

Auteur(s) : Julien Goin

Fonctions : Docteur vétérinaire, praticien dans le Loiret, ancien assistant hospitalier des cliniques pour animaux d’espèces inhabituelles à Oniris.

Vifs mais fragiles, les lapins et les rongeurs sont immobilisés par des gestes appropriés, en prenant garde de ne pas les blesser ou de se faire griffer et mordre. Plusieurs techniques de contention physique sont aptes à les maîtriser en toute sécurité.

La contention regroupe l’ensemble des techniques destinées à immobiliser un animal afin de réaliser un examen ou des soins, dans des conditions de sécurité pour le manipulateur, son entourage et l’animal lui-même. Il convient de distinguer la contention physique (réalisée à la main ou à l’aide d’un textile du type serviette ou gant de toilette) et la contention chimique (effectuée le plus souvent par anesthésie gazeuse), qui ne sera pas abordée ici. Il est toutefois important de souligner son utilité dans le cas de certaines espèces ou de spécimens particulièrement vifs, voire agressifs (l’écureuil de Corée, par exemple).

Vivacité et réflexe défensif : les risques liés à ces espèces

Le lapin le plus souvent présenté en consultation est le lapin nain, dont le poids varie entre un peu moins de 1 kg (pour les extra-nains) et 2,5 kg (pour les béliers nains). Les rongeurs qui sont les plus présentés appartiennent aux sous-ordres des caviomorphes ou des histricomorphes (cobaye ou cochon d’Inde, chinchilla, octodon ou dègue du Chili), des myomorphes (souris, rat, gerbille, hamster doré de Syrie, hamster nain) et les sciuromorphes (écureuil de Corée). Leur poids varie d’une trentaine de grammes (souris) à plus de 1 kg (cobaye mâle).

Ces animaux sont généralement vifs, mais peu agressifs pour la plupart d’entre eux. Les espèces tolérant le moins bien les manipulations sont le chinchilla, les hamsters et l’écureuil de Corée. S’y ajoutent la souris et la gerbille, lorsque celles-ci n’ont pas été assez sociabilisées.

Les risques pour le manipulateur sont les griffures (par tentative de fuite, notamment chez le lapin, par ruade des postérieurs) et les morsures (qui concernent essentiellement les hamsters et l’écureuil de Corée, et moins souvent les autres espèces).

Les risques pour l’animal manipulé sont les traumatismes : fracture dentaire ou osseuse en cas de chute de la table de consultation, fracture du rachis lombaire avec paralysie irréversible des membres postérieurs chez le lapin (région particulièrement fragile chez cette espèce), décompensation cardiaque ou respiratoire potentiellement mortelle chez un animal très stressé, débilité ou en insuffisance respiratoire.

Jamais au-dessus du vide

Il importe de connaître les gestes à éviter et les précautions à prendre pour pouvoir manipuler ces espèces en toute sécurité. Chacune présente des spécificités (encadré page 15).

Une règle est toutefois valable pour tous : ne jamais réaliser la contention au-dessus du vide, mais toujours au-dessus d’un plan de travail, afin d’éviter les risques de chute et de traumatisme en cas de contention mal réalisée. Ce plan de travail doit être recouvert d’une surface antidérapante (plastique, textile ; éviter l’inox, qui est froid et lisse). De même, l’utilisation de gants est peu pratique : ceux en latex sont facilement déchirés par les griffes, et ceux en cuir, épais, rendent difficile l’évaluation de la pression réellement exercée lors de la contention. En cas de besoin, l’utilisation d’une petite serviette ou d’un gant de toilette facilite la contention.

Saisir l’animal dans sa cage ou dans sa boîte

Attraper l’animal dans sa cage ou dans sa boîte de transport est bien souvent le premier geste auquel le manipulateur est confronté avant de pouvoir assurer une contention correcte. Plus ce geste est rapide et sûr, moins l’animal ressent de stress.

Les espèces les plus vives (chinchilla, octodon, gerbille, écureuil de Corée) sont également les plus difficiles à attraper. L’opérateur peut s’aider d’une petite serviette ou d’un gant de toilette pour saisir l’animal dans le creux de sa main, tout en limitant le risque de morsure. La souris et les hamsters n’apprécient parfois pas d’être saisis directement dans leur cage. Il est possible de les prendre dans le creux des mains placées en coupe, ou d’utiliser un petit verre ou un gobelet. Il reste alors à attendre qu’ils y montent spontanément ou à les y aider.

Le cobaye et le rat peuvent être saisis dans le creux des mains. Le lapin doit être sorti de préférence train-arrière en premier, une main positionnée sous le thorax, une autre immobilisant la région lombaire (photo 1).

Une fois sorti, différentes techniques de contention sont possibles.

La contention en C

La contention dite “en C” est utilisable chez toutes les espèces. Il s’agit d’une contention des régions thoracique et lombaire réalisée à deux mains :

- une première main immobilise la partie avant de l’animal, en plaçant les doigts sous les aisselles des membres antérieurs. Le creux de la main tient plutôt la partie ventrale du thorax chez les grandes espèces (lapin, cobaye, chinchilla) et la partie dorsale du thorax chez les petites (toutes les autres) ;

- la seconde main immobilise la partie arrière de l’animal, en tenant dans son creux les régions lombaire et fessière.

Le dos de l’animal est ensuite disposé contre la poitrine du manipulateur pour les grandes espèces (lapin, cobaye, chinchilla ; photo 2) ou dans le creux de la première main pour les petites (toutes les autres ; photo 3).

Cette technique de contention peut être utilisée pour sortir l’animal de sa boîte de transport, ainsi que pour réaliser un sexage, l’examen clinique de certaines régions (le ventre, les mamelles, le périnée, la face ventrale des pattes) ou de petits soins (coupe de griffes, tonte et nettoyage de la région périnéale, application de topiques lors de pododermatite).

La contention sur l’avant-bras

La contention sur l’avant-bras est surtout adaptée aux grandes espèces (lapin essentiellement, mais possiblement cobaye et chinchilla). Le corps de l’animal est bloqué contre la poitrine par l’avant-bras, la tête est cachée sous le bras, et l’arrière-train est placé dans le creux de la main (avec la base de la queue tenue entre deux doigts chez le chinchilla). La seconde main immobilise la région lombaire (photo 4).

Cette technique peut être utilisée pour déplacer un animal : le transporter vers la salle de soins ou d’imagerie, par exemple.

La contention par les flancs

La contention par les flancs est, elle aussi, surtout utilisable chez les grandes espèces (lapin, cobaye, chinchilla). L’animal est placé sur une serviette permettant d’éviter les dérapages. Une main est disposée sur chaque flanc. L’arrière-train est maintenu contre la poitrine du manipulateur ou dans le creux de ses mains, en fonction de la taille de l’animal (photo 5).

Cette technique de contention s’envisage pour réaliser l’examen de l’avant-main de l’animal (yeux, nez, oreilles, dents) ou lors d’induction anesthésique gazeuse au masque. Si l’animal présente une résistance trop importante, il est préférable d’utiliser une serviette selon la technique ci-après.

La contention en serviette

Chez les grandes espèces (lapin, cobaye, chinchilla), la contention en serviette est réalisée de la même façon que la contention par les flancs, après avoir replié les pans de la serviette par-dessus l’animal (photo 6).

Chez les petites espèces (toutes les autres), la contention en serviette est effectuée de la même façon que la contention en C, après avoir replié les pans d’une serviette autour de l’animal. Le pouce de la première main peut être positionné sous le menton pour immobiliser la tête (photo 7).

La contention en serviette convient pour un examen invasif (l’examen otoscopique de la cavité buccale ou des conduits auditifs, par exemple) ou si l’animal est particulièrement vif ou agressif.

La contention par la peau du cou

La contention par la peau du cou peut être réalisée chez la souris, le rat et les hamsters. Chez les deux premiers, le manipulateur maintient également la base de la queue entre deux doigts. Chez les hamsters, le pli de peau est large : plusieurs doigts sont souvent nécessaires, et une exophtalmie secondaire à la contention peut apparaître. Celle-ci est réversible, mais il faut toutefois prendre garde à ne pas luxer les globes oculaires par une contention trop “musclée”.

La contention par la peau du cou peut être utilisée pour la réalisation d’injections ou de prélèvements, ou si l’animal est particulièrement vif ou agressif.

LES GESTES À ÉVITER

Chez le lapin, l’arrière-train ne doit jamais être laissé sans contention. Un lapin apeuré risque de se débattre en ruant des membres postérieurs, d’infliger des griffures à son entourage et de se fracturer le rachis lombaire. Il est important également de veiller à ne jamais tenir un lapin par les oreilles.

Chez le cobaye, le positionnement en décubitus dorsal doit être évité. Celui-ci est mal supporté et peut conduire à une décompensation cardiorespiratoire chez un animal débilité. La contention par la peau du cou, peu extensible chez cet animal très sensible au stress et à la douleur, est à éviter également.

Chez le chinchilla, la contention par la peau du cou est à proscrire, car elle entraîne une chute de poils par réaction de défense.

Chez l’octodon et la gerbille, il ne faut jamais attraper l’animal par l’extrémité de la queue, car la peau de celle-ci s’arrache (photo 8). Cette précaution est d’ailleurs également valable chez toutes les espèces pour des questions de confort de l’animal. Seule la tenue de la queue par sa base est envisageable sans danger, et doit être associée à d’autres mesures de contention.

Chez les hamsters, il convient d’éviter d’attraper un animal endormi en boule, car celui-ci adopte alors une posture de défense, en roulant sur le dos, en vocalisant et en cherchant à mordre.

Chez l’écureuil de Corée, il est déconseillé d’attraper directement l’animal à la main, en raison des réactions de morsure fréquentes. L’utilisation d’un textile (gant de toilette ou petite serviette) est recommandée. Chez cette espèce particulièrement vive, le recours à l’anesthésie gazeuse est souvent nécessaire pour pouvoir réaliser les examens dans de bonnes conditions.

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