Pathologie respiratoire des volailles
Formation continue
FILIÈRES
Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait
Le diagnostic différentiel de la bronchite infectieuse est difficile. Le coronavirus responsable mute rapidement. L’optimisation de l’utilisation des outils diagnostic et de la vaccination est donc essentielle.
Réels problèmes d’élevage, la bronchite infectieuse (BI) et le syndrome infectieux de la grosse tête (SIGT) sont à l’origine de 80 % des chutes de ponte avec, en parallèle, une baisse de la qualité des œufs et de leur calibre. L’impact de ces infections virales est souvent sous-évalué. » C’est ce qu’a expliqué notre confrère Joël Bertin, de la coopérative Le Gouessant (Côtes-d’Armor), lors du Nobivet Forum, organisé par Intervet en mai dernier à La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique).
Du côté de la production de poulets de chair, notre confrère Christian Plault, de Glon-Sanders (Morbihan), a souligné la forte diminution des mortalités dues aux infections virales BI-SIGT et à leurs complications bactériennes depuis 1997, date de la mise en place des vaccinations. Il a en outre relevé l’amélioration de la protection des animaux apportée par les vaccins vivants contre la bronchite infectieuse.
L’association des deux virus est fréquente. Sur le plan clinique et lésionnel, le diagnostic différentiel est difficile. Tous deux provoquent une dégradation des fientes concomitante d’une baisse de l’ingestion. La mortalité est faible. Une congestion ovarienne et une régression des ovules peuvent être observées à l’autopsie.
« La lutte contre la bronchite infectieuse est compliquée du fait de la plasticité antigénique du coronavirus », a précisé Joël Bertin (voir encadré). Le diagnostic de l’implication du coronavirus dans l’affection exige le recours au laboratoire, tant pour les poules pondeuses que pour les poulets de chair.
Les deux intervenants utilisent les kits Mass (technique Elisa) pour tracer la circulation du virus. Toutefois, ils ne permettent pas de diagnostiquer les types de variants.
« Les tests de neutralisation sont employés pour permettre d’identifier un sérotype par comparaison à tous les antisérums connus », a expliqué Guntram Paul, d’Intervet. Un sérotype ne peut donc être identifié que s’il existe déjà dans un panel d’antigènes. Il est possible que des réactions croisées conduisent à de faux diagnostics, en particulier lorsque le sérotype n’est pas présent dans le panel et que les écarts de dilution sont faibles. L’utilisation large des vaccins contre la bronchite infectieuse et l’émergence des variants sur le terrain compliquent l’emploi de la sérologie pour l’identification des virus. L’identification du variant est aussi possible avec la RT-PCR. Elle permet de caractériser le génotype d’un virus de la bronchite infectieuse à partir du gène de la sous-unité S1. Elle peut être utilisée directement sur des écouvillons ou sur des tissus. Bien entendu, le choix de l’amorce doit être cohérent avec la recherche engagée : identification du génotype à partir du gène de la sous-unité S1 ou identification de la présence du virus à partir du gène concernant la membrane ou la nucléocapside. « Différentes méthodes de génotypage peuvent donner des résultats conflictuels », a insisté Guntram Paul.
Neutralisation et RT-PCR ne fournissent pas toujours la même classification de la souche. En effet, les amorces et les antisérums ne reconnaissent pas exactement la même partie des spicules. Des isolats de même sérotype peuvent différer sur plusieurs gènes. Divers sérotypes peuvent avoir une similitude entre les génomes. Par exemple, le séquençage des spicules du virus Marocain G et du virus 4/91 montre qu’ils ont 96 % d’identité en commun. Génétiquement, il s’agit du même virus. En revanche, la neutralisation croisée est faible entre les deux virus. « Un risque est pris en transposant directement au génotype les propriétés antigéniques (sérotype) et aux propriétés antigéniques des propriétés biologiques », a souligné notre confrère Guntram Paul.
Pour Jane K.A. Cook, consultante en microbiologie (Grande-Bretagne), l’attention portée aux nouveaux variants est cruciale quant à la maîtrise de la bronchite infectieuse, du fait de leur contagiosité, du renouvellement rapide de la population sensible et de l’augmentation des échanges internationaux.
Néanmoins, la réflexion va au-delà de l’étude du seul sérotype. Il faut tenir compte du génotype des variants, du pathotype (type de symptômes) et du protectotype (niveau de protection des oiseaux). Si le sérotypage et le génotypage sont essentiels à la connaissance de l’épidémiologie et à la recherche, le protectotype est tout aussi stratégique. En matière de bronchite infectieuse, la protection croisée est beaucoup plus large que ce que laissent penser les sérotypages. Jane K.A. Cook a démontré que la protection conférée par l’utilisation de deux vaccins (MA5 à un jour plus 4/91 à quatorze jours) est plus importante que la protection engendrée par la vaccination avec deux doses du même vaccin (MA5 à un et quatorze jours). L’administration peut se faire par nébulisation ou par voie orale. En outre, la protection hétérologue est renforcée avec ce protocole plutôt qu’avec l’administration simultanée des deux vaccins à un jour d’âge.
Néanmoins, protection élargie ne signifie pas protection totale.
Giovanni Tosi, de l’Institut expérimental de prévention animale de Lombardie et d’Emilie Romagne (analogue à l’Afssa de Ploufragan), a démontré la protection conférée par l’association MA5 plus 4/91 contre un challenge variant Italian 02 (IT-02), découvert en 2000 et séquencé en 2002. Il a utilisé des tests de ciliostase (test d’immobilité des cils de trachées après challenge viral) et la PCR. Selon lui, il ne s’agit probablement pas d’un nouveau sérotype, mais d’un génotype. Il ne se prononce pas encore quant au protectotype.
Pieter Kuhne, d’Intervet, a proposé un programme de vaccination des jeunes poulets contre la bronchite infectieuse, modulé selon l’intensité des problèmes constatés en élevage au regard des protocoles vaccinaux appliqués :
- au minimum, vacciner à un jour avec un vaccin MA5 ou H120 ;
- en cas de persistance des problèmes avec le protocole minimal, vacciner avec MA5 ou H120 à un jour, et H120 entre le 14e et le 18e jour ;
- en cas de persistance de problèmes avec la seconde stratégie, vacciner avec MA5 ou H120 le 1er jour, puis faire un rappel avec un vaccin 4/91 au 14e jour.
En élevage de pondeuses et de reproducteurs, une large protection est assurée par la mise en œuvre de ce troisième protocole associé à l’effet “booster” des vaccins inactivés utilisés à l’âge de seize semaines. Les intervenants ont insisté sur la qualité de la vaccination (stockage, administration), son contrôle, et sur la nécessaire maîtrise des facteurs de risque associés (ventilation, accès à l’aliment, etc.).
Notre confrère Pascal Paulet, d’Intervet, a conclu en présentant l’intérêt de l’utilisation de volailles sentinelles en élevage de poules pondeuses. Etant donné le dépistage des anticorps d’origine vaccinale par les tests sérologiques, des prélèvements réguliers de ces sentinelles non vaccinées permettent d’identifier les virus, la chronologie de leurs passages et ainsi d’adapter les programmes de vaccination.
Le coronavirus responsable de la bronchite infectieuse mute facilement, d’où l’apparition de variants. Leur distinction repose sur la différence des glycoprotéines de surface S (spicules), clivées en deux sous-unités S1 et S2. Les spicules sont impliqués dans l’attachement aux cellules, l’hémaglutination (S1), la fusion membranaire et l’induction de la neutralisation des anticorps (S1), la mise en place de l’immunité protectrice, d’où leur importance.
Certains variants persistent et deviennent importants, tels Arkansas et 4/91. Au même moment, dans un même troupeau, plusieurs variants peuvent coexister. Avec le temps, les variants changent, au niveau d’un élevage, d’un pays, ou restent stables, voire peuvent être spécifiques d’un pays.
C. B.-C.Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire