Les données scientifiques actuelles plaident pour des rappels vaccinaux plus espacés

Un symposium sur la vaccination canine et féline, organisé par Intervet, s’est déroulé à Prague les 8 et 9 septembre derniers. L’objectif était de faire réapprécier les bases scientifiques des protocoles vaccinaux. Car l’heure est à la remise en cause de la vaccination telle qu’elle est pratiquée. Jusqu’à présent, ce débat trouve toutefois peu d’échos en France.

Marian Horzineck, professeur de virologie à la faculté d’Utrecht et rédacteur en chef de Veterinary Microbiology, plaide pour une vaccination plus raisonnée et fondée sur les données scientifiques actuelles. Pour lui, les vétérinaires ont adopté la vaccination annuelle de routine pour des raisons autres que scientifiques.

Ronald Schultz, professeur à l’université de Madison (Wisconsin), a révolutionné la vaccination outre-Atlantique en publiant de nombreuses études qui constituent le fondement des nouvelles recommandations vaccinales canines et félines. Il encourage l’espacement à trois ans des rappels pour les vaccins “core”, ou recommandés. Vingt-cinq ans d’étude sur les durées d’immunité lui ont permis de démontrer une protection vaccinale de sept ans (validée par des épreuves virulentes), voire de neuf ans (d’après des dosages sérologiques) avec les vaccins canins “core” (maladie de Carré, parvovirose, adénovirose), après une primovaccination et un rappel à un an. Les données chez le chat, moins nombreuses, mettent aussi en évidence une durée de protection de sept ans.

Faut-il s’attendre à une prochaine crise “vaccinale” ?

Yannick Poubanne, consultant en management des clientèles vétérinaires, a commenté la situation en France : « Les praticiens perçoivent l’extension des intervalles de rappel comme “un cauchemar à venir, mais pas pour tout de suite.” » Pourtant, la “crise” du vaccin n’est peut-être pas si éloignée… En effet, aux Etats-Unis, plusieurs fabricants recommandent désormais des rappels plus espacés et le vaccin Continuum DAP®(Carré, hépatite, parvovirose) d’Intervet, dispose, outre-Atlantique, d’un protocole avec des rappels tous les trois ans, validé par l’United States department of agriculture (USDA).

Selon Yannick Poubanne, « il convient donc d’analyser les conséquences d’une vaccination fondée sur les durées d’immunité à l’échelle des clientèles en France et d’anticiper cette évolution plutôt que de l’ignorer »

Mais le cas de la France est particulier, car nulle part ailleurs le vaccin ne représente une telle proportion du chiffre d’affaires des clientèles, particulièrement dans les petites structures.