Certains confrères refusent d’être concurrents et misent sur la confraternité - La Semaine Vétérinaire n° 1198 du 15/10/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1198 du 15/10/2005

Une autre faço n de concevoir les relations de voisinage

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Auteur(s) : Valérie Zanini

Cette démarche, fondée sur l’entraide, apporte un réel confort de vie.

Ma consœur voisine est installée à près de sept cents mètres de mon cabinet. Nous exerçons dans deux rues parallèles. Il s’agit d’une amie de promotion. Nous nous connaissons depuis longtemps et quand je me suis installé, après elle, nous avons renoué d’anciens liens datant de nos années d’école », témoigne François Huret, praticien à Ramonville-Sainte-Agne (Haute-Garonne). Dans ce cas précis, la distance entre les deux structures n’a donc pas eu d’influence sur les relations entre les praticiens.

« D’une façon générale, je m’entends bien avec tous les vétérinaires qui exercent à proximité de mon cabinet, car nous avons tout intérêt à travailler ensemble dans un climat serein, poursuit notre confrère. Cette attitude est d’ailleurs appréciée des clients. Ils éprouvent moins l’envie de changer de praticien, car ils savent que nous sommes en phase. A l’inverse, lorsqu’ils perçoivent des tensions, ils essaient d’en jouer et tout le monde est perdant. »

De professionnelle, la relation se renforce parfois jusqu’à devenir amicale

« Avec mes proches confrères, nous formons un groupe convivial. Nous nous réunissons une fois par mois autour d’un repas et nous mettons un point d’honneur à ne pas parler de notre activité professionnelle. Nous sommes devenus des amis et nous pouvons compter les uns sur les autres en cas de coup dur », témoigne Patrick Bourigault, praticien à Malakoff (Hauts-de-Seine). « Cette confiance mutuelle m’apporte un grand confort de vie. Elle atténue aussi le sentiment d’isolement », précise pour sa part François Huret. Selon lui, être concurrent n’a pas beaucoup de sens. Il considère cela comme une perte d’énergie considérable.

« La concurrence est surtout alimentée par la peur », analyse Vincent Goovaerts, praticien à Pontivy (Morbihan). Au cours de son parcours professionnel, aussi bien en Belgique qu’en France, il a constaté que ce sentiment est renforcé par l’écart générationnel. « Nos prédécesseurs se sentent menacés par les nouvelles générations qui appliquent d’autres techniques que les leurs. Ils craignent que leurs clients soient attirés vers la modernité. En ce qui me concerne, je n’ai jamais dénigré le traitement d’un confrère. Je n’en dirais pas autant de certains de mes voisins, plus âgés, qui modifient systématiquement ma prescription quitte à donner des génériques. Je ne retrouve pas cette attitude chez les confrères de ma génération », remarque-t-il.

Faire preuve de respect permet de travailler en confiance

« Si l’un ou l’autre a besoin de quelque chose, nous nous dépannons. Le week-end, nous nous remplaçons mutuellement. Pour les gardes, nous tournons à cinq. Le lundi matin, nous téléphonons au vétérinaire concerné si nous avons reçu l’un de ses clients durant le week-end. En outre, nous renvoyons cette personne vers le confrère qui suit habituellement son animal. De temps en temps, l’un des clients nous fait une infidélité. Dans ce cas, nous nous en informons mutuellement », explique François Huret. La bonne entente entre confrères voisins passe donc aussi par la communication. Tous ceux qui se disent en bon terme avec leur voisinage indiquent qu’ils n’hésitent pas à décrocher le téléphone pour demander un conseil ou prévenir le vétérinaire concerné de la visite de l’un de ses clients.

« Lorsqu’un confrère s’absente et que je reçois l’un de ses clients, je le renvoie systématiquement vers son praticien traitant. Du côté des tarifs, je me suis aligné sur ceux du vétérinaire qui exerce dans la même ville que moi. Comme ça, les propriétaires n’essaient pas de nous mettre en concurrence. Lorsque je me suis installé, cette attitude a progressivement rassuré mon voisinage », témoigne Vincent Goovaerts.

Mais si la confraternité peut sembler naturelle à certains, elle ne l’est pas pour tous. Chacun conçoit en effet son activité selon sa propre personnalité et il est difficile d’imposer à un libéral une attitude particulière, aussi louable soit-elle, si elle le place en désaccord avec lui-même. Patrick Bourigault explique ainsi que les confrères nouvellement installés dans son secteur ont été conviés à participer aux réunions mensuelles organisées jusque-là. « Mais après la première, ils n’ont pas souhaité entrer dans notre cercle. Sans doute faute de temps, ou peut-être n’ont-ils pas clairement perçu son intérêt. »

Pour Romuald Moriceau, praticien à La Ferté-Bernard (Sarthe), la confraternité ne sera qu’une façade et la concurrence une réalité « tant que nos confrères n’auront pas compris qu’il y a de la place pour tout le monde et que prendre un client au voisin revient à en perdre un ailleurs… ».

Le Code nous aide à rester confraternels

La confraternité n’est pas de mise pour tout le monde. Ce constat est peut-être encore plus net dans les villes à forte densité de vétérinaires. Certains adoptent d’emblée un comportement concurrentiel.

Et quand un nouveau confrère s’installe, il n’est pas toujours bien accueilli.

Selon moi, le Code de déontologie permet d’éviter les dérives. Il dicte une conduite à adopter sans laquelle nous serions peut-être confrontés à des situations lamentables. Il s’agit d’un bon outil pour maintenir une certaine atmosphère de respect et de solidarité entre nous.

C’est vers cela qu’il faut tendre et non nous laisser aller à la tendance générale qui mêle agressivité et irrespect.

Catherine Dec, praticienne à Cahors (Lot)
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