La confraternité n’existe qu’aux congrès même si, au passage, chacun en profite pour épater son voisin

Les relations entre confrères sont confraternelles, mais seulement en apparence. J’use d’ailleurs d’une expression qui me tient à cœur : « La confraternité n’existe qu’aux congrès. » Tout le monde est alors content de se rencontrer. L’ambiance est souvent détendue, nous discutons aimablement autour d’un verre. Tout cela est sympathique, mais il y a toujours un confrère pour émettre un avis sur le cas clinique qui vous pose problème, à croire qu’il en voit un par jour comme celui-là ! Au passage, chacun aime bien épater son voisin.

Au quotidien, la confraternité est plus discutable. Les rencontres sont rares. Des échos nous parviennent par l’intermédiaire de notre clientèle et ils sont parfois peu agréables. La concurrence n’aide certainement pas. Tant que nos confrères n’auront pas compris qu’il y a de la place pour tout le monde et que prendre un client au voisin, c’est aussi en perdre un à un autre moment…

Il est vrai que partager le même métier n’est pas toujours un gage de bonne entente. Car si, dans la vie privée, chacun choisit ses relations, sur le plan professionnel, c’est plus difficile.

Je ne voudrais pas dresser un tableau trop sombre. A titre d’exemple, les meilleurs contacts avec nos confrères voisins s’établissent lors d’une garde en commun. Il est également plus facile de nouer de bonnes relations avec les collègues les plus anciens, en raison probablement d’une autre éducation. La féminisation de la profession arrangera peut-être les choses… Pour ma part, je reste confraternel le plus possible, en me sentant solidaire de mes confrères, en leur apportant mon aide, à travers des comptes rendus de cas, par exemple. En fait, je pratique la loi du talion⁽¹⁾

• (1) Œil pour œil, dent pour dent.