Le sous-type H5 de l’influenza aviaire est détecté en Turquie et suspecté en Roumanie

Le week-end dernier, la grippe aviaire a de nouveau alimenté les journaux télévisés et les quotidiens nationaux. En effet, le 7 octobre, la Roumaniea annoncé une suspicion de foyer de grippe aviaire dans une ferme du comté de Tulcea, à l’est du pays, dans la région du delta du Danube. L’analyse sérologique effectuée chez les volailles de l’exploitation (poules pondeuses et canards) s’est révélée positive pour l’influenza aviaire. Toutefois, à l’heure où ces lignes sont écrites, le sous-type viral n’est pas encore identifié et d’autres prélèvements doivent être effectués. La contamination des animaux pourrait avoir pour origine le contact avec des oiseaux migrateurs.

Le 8 octobre, la Turquie a informé à son tour la communauté internationale de l’existence d’un foyer de grippe aviaire dans un élevage de quelque 2 000 dindes situé dans la région de Balikesir, à l’ouest du territoire. Les premières analyses ont permis l’identification du sous-type H5 de l’influenza aviaire. En outre, les tests effectués sur des œufs embryonnés ont mis en évidence son caractère hautement pathogène. La caractérisation de la neuraminidase est en cours à l’heure où nous mettons sous presse.

Les virus ne sont encore que partiellement caractérisés

Face à l’alarmisme croissant relayé par les médias grand public, certains spécialistes tentent toutefois de relativiser, tout en restant prudents. « Nous ne disposons pas encore de la caractérisation exacte des souches qui touchent la Roumanie et la Turquie. Nous ignorons s’il s’agit du H5N1 et de la souche asiatique, explique Jean-Luc Angot, de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Des échantillons ont été envoyés au laboratoire britannique de Weybridge et les résultats sont attendus en fin de semaine », précise-t-il.

Notre confrère souligne par ailleurs que les autorités turques et roumaines ont réagi rapidement en procédant à l’abattage des animaux dans les foyers et en désinfectant les alentours.

Pour sa part, Jean-Thierry Aubin, de l’Institut Pasteur, a insisté auprès de l’Agence France presse (AFP) sur l’identification encore partielle des virus qui frappent les volailles roumaines et turques. « Tous les virus H5 ne sont pas fortement pathogènes », souligne-t-il. Par ailleurs, « il ne faut pas s’alarmer à chaque fois qu’un foyer de grippe aviaire est signalé chez des oiseaux et il convient de ne pas faire l’amalgame entre épizootie et pandémie humaine ».

Le virus H5N1 asiatique reste le “meilleur candidat” pour provoquer une éventuelle pandémie humaine, mais ce n’est pas encore le cas. « En ce qui concerne les risques pour la santé humaine, il n’y a aucune information nouvelle. »

L’Afssa est une nouvelle fois saisie par le gouvernement

Malgré tout, principe de précaution oblige, les foyers de grippe aviaire annoncés en Turquie et en Roumanie ont poussé les ministres de la Santé et de l’Agriculture à saisir l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), le 9 octobre dernier. Ils ont demandé aux experts d’élaborer des recommandations supplémentaires pour les élevages français en cas de confirmation du sous-type H5N1 hautement pathogène dans les foyers roumains et turcs.

Le 25 août dernier, l’agence avait estimé que le risque immédiat d’une contamination par les oiseaux migrateurs des élevages de plein air français était « faible ». L’Afssa craint davantage le retour des oiseaux migrateurs en provenance d’Afrique au printemps 2006.