Que reste-t-il des années d’école ?
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Gwenaël Outters
Une étude britannique fait le point sur l’évolution des habitudes opératoires des praticiens en matière de stérilisation des carnivores domestiques.
Une enquête britannique(1) a comparé les techniques de stérilisation des petits animaux mises en œuvre par les praticiens avec celles qui sont enseignées dans les écoles vétérinaires. Un premier questionnaire a été envoyé à 407 vétérinaires et à 50 étudiants en dernière année (voir en page 39). Un second a été établi pour les enseignants britanniques. L’analyse repose sur les réponses de 183 praticiens et étudiants et de 9 professeurs, ces derniers servant de référence.
Les résultats font apparaître que seulement 28,2 % des vétérinaires utilisent les méthodes chirurgicales enseignées à l’école. 71,8 % les ont modifiées avec l’expérience. En revanche, 67 % des praticiens qui exercent depuis moins d’un an mettent en œuvre les techniques apprises. En outre, 56,6 % appliquent une politique de stérilisation au sein de leur clientèle.
Lors d’une ovariohystérectomie chez la chienne, 47,5 % des vétérinaires ne portent ni blouse ni gants stériles, pourtant préconisés par les enseignants. Seuls 24,3 % effectuent une incision cutanée « la plus longue possible » (de l’ombilic au pubis), comme cela est enseigné dans les écoles. Les cornes utérines sont localisées dans 90,6 % des cas avec les doigts et une simple ligature sur le pédicule ovarien est apposée dans 47,5 % des situations.
Chez la chienne, aucune ovariectomie simple n’est réalisée. Elle est pourtant recommandée par 4 des 9 professeurs. L’ovariohystérectomie est la règle et 72,1 % des vétérinaires la pratiquent au niveau du col. La ligne blanche est suturée à l’aide de points séparés dans 64,5 % des cas, alors que les enseignants conseillent un surjet. En outre, alors que l’antibioprévention postopératoire n’est pas recommandée, 48,6 % des praticiens reconnaissent l’utiliser en routine.
En matière de castration du chien, les mêmes écarts apparaissent. Le port de la blouse et des gants est “oublié” dans 54,6 % des cas. La préparation du site chirurgical n’est complète que dans 35,2 % des situations. La castration est pratiquée à testicules découverts par 50,8 % des praticiens, avec une suture du fascia sous-cutané dans 65,6 % des cas. L’ablation du scrotum, pourtant recommandée par les enseignants, n’est jamais réalisée dans 54,9 % des cas. Par ailleurs, il existe une corrélation significative entre le port de la collerette et la préparation du site chirurgical : les praticiens qui effectuent une préparation soignée sont souvent les mêmes que ceux qui préconisent le port de la collerette en phase postopératoire.
Cette enquête vise à montrer les différences entre les techniques chirurgicales apprises et celles pratiquées sur le terrain. Elle n’a pas pour objet de critiquer les praticiens. En outre, elle pourrait être complétée par une étude sur le suivi postopératoire, et sur les incidents et accidents éventuellement rencontrés lors de ces interventions.
Concernant l’ovariohystérectomie, le questionnaire ne distinguait pas les interventions de convenance des opérations pour raisons médicales. Cependant, plus les praticiens ont de l’expérience, plus ils s’écartent des techniques apprises. Cette remarque est particulièrement vraie pour la taille de l’incision. Il apparaît que celle-ci diminue avec l’ancienneté du vétérinaire. Un autre point de discordance concerne la suture musculaire. Les praticiens préfèrent majoritairement les sutures à points séparés, bien qu’elles soient plus longues que les surjets. En outre, malgré les risques d’antibiorésistance et les effets secondaires, la plupart des confrères britanniques interrogés prescrivent une antibioprévention postopératoire. Le point de divergence concernant la castration du chien repose principalement sur l’ablation du scrotum, recommandée par les professeurs, mais non pratiquée en clinique.
Il apparaît donc qu’au fil des années, l’expérience prend le pas sur les acquis théoriques et qu’une partie des dogmes, dont l’asepsie, part en fumée. Il est par ailleurs intéressant de noter le recours systématique à l’ovariohystérectomie pour la stérilisation des chiennes au Royaume-Uni, ce qui élimine toutes les affections utérines. Par ailleurs, et il s’agit d’un sujet d’actualité, l’antibiothérapie postopératoire est de règle malgré les risques d’antibiorésistance, peut-être en contrepartie du défaut d’asepsie.
Quels seraient les résultats d’une telle étude en France ? Il serait alors intéressant de connaître les incidents et les suites postopér>atoires de chaque technique pour juger de la pertinence des habitudes des praticiens.
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