Vivement la prochaine réforme du cursus…

Votre dossier consacré au lancement du nouveau cursus vétérinaire⁽¹⁾ appelle quelques commentaires. Le format retenu (deux ans de classes préparatoires, trois de formation générale) est désormais en ligne avec le modèle franco-français et, en apparence, avec le schéma européen de “LMD” (licence, master, doctorat), mais il s’éloigne dangereusement de celui de tous nos homologues européens, qui offrent entre cinq et six années de formation professionnelle vétérinaire. Notons au passage que le programme des classes préparatoires BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la terre) s’est lui aussi éloigné des objectifs professionnels par rapport à la défunte “prépa véto”. La notion de “formation prévétérinaire” en classe préparatoire est donc un leurre qui ne trompe personne. Attendons la prochaine évaluation d’une école française par l’Association des établissements européens d’enseignement vétérinaire (AEEEV)…

L’objet de la formation générale d’un jeune étudiant est d’acquérir une culture vétérinaire. Cette dernière, vaste et complexe, demande du temps, quelle que soit la forme d’enseignement retenue. On peut évidemment regretter la réduction (drastique) des volumes d’enseignement qui correspond à un véritable sabordage pour certains champs disciplinaires. L’introduction de nouvelles formes pédagogiques ou d’outils informatiques, si elle est éminemment souhaitable, ne changera rien à cette réalité. Mais au-delà de cette logique comptable, la formation d’un vétérinaire est d’abord un cheminement personnel, fait d’expériences, de confrontations répétées à des situations variées, de rencontres. Ce parcours nous permet de voir littéralement mûrir nos étudiants. Mon regret essentiel ne porte finalement pas sur les réductions des volumes de cours, mais sur le raccourcissement de ce parcours personnel de l’étudiant, qui prépare à la vie professionnelle… et qu’aucune formation continue ne remplacera.

Les nouveaux étudiants sont certes brillants et motivés. Ils sont donc bien armés pour le bachotage… ça tombe bien ! Mais un mois après la rentrée, nous percevons déjà les difficultés et le découragement devant les contraintes horaires imposées. Quoi qu’il en soit, avec cette rentrée 2005, le coup est parti et, dans ce contexte, les enseignants-chercheurs se sont mobilisés depuis plusieurs mois pour innover et identifier les marges de progrès. Cet engagement, dans un esprit résolument positif, n’est malheureusement pas au service d’un projet ambitieux pour notre formation et notre profession. Espérons simplement qu’il limitera les dégâts… jusqu’à la prochaine réforme.

• (1) La Semaine Vétérinaire n° 1195 du 24/9/2005.