Il est trop facile d’accuser la féminisation

Je trouve regrettable et choquant que Jacques Fiszbin⁽¹⁾, chargé de mission auprès de la profession vétérinaire, nous assène cet argument facile, tant de fois répété et jamais démontré, que la principale raison expliquant les difficultés des vétérinaires en milieu rural est la féminisation de la profession. La situation est moins simpliste que cela et les solutions sont ailleurs. J’ai vécu les vingt premières années de ma vie dans un appartement en centre ville et personne dans ma famille ne vit en milieu rural. Pourtant, me voici, à vingt-sept ans, exerçant en clientèle mixte dans un village de neuf cents habitants et résidant dans un hameau de quarante âmes ! Je ne regrette en aucun cas la ville, tant ma qualité de vie s’est améliorée à la campagne, en ayant tout ce dont j’ai besoin à disponibilité en moins d’une demi-heure (sans bouchon sur le périphérique ni désagréments liés aux transports en commun !).

Cependant, je remarque qu’en recherchant un ALD mixte, six des sept candidats que j’ai rencontrés sortaient de Liège. C’est là le seul point sur lequel je peux rejoindre Jacques Fiszbin qui avance que « c’est au niveau des écoles qu’il faut trouver des solutions ». L’enseignement que j’ai reçu à Alfort il n’y a pas si longtemps ne m’a absolument pas préparée à un exercice rural. La pratique canine, omniprésente (semaines de médecine, chirurgie, chenil, urgences, etc.), était disproportionnée face à la pratique rurale, réduite à peau de chagrin. Comment, dans ces conditions, donner aux étudiants le goût de l’exercice rural ? Mais la remise en cause de l’enseignement dans les écoles est certainement une pilule plus difficile à faire avaler que la bonne excuse de la féminisation, assez rassurante puisque finalement inéluctable… à moins que la parité ne soit bientôt imposée dans les écoles !

• (1) Voir La Semaine vétérinaire n° 1198 du 15/10/2005, en page 16.