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Entre nous
QU’EN PENSEZ-VOUS ?
Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet
« Faites-vous vacciner contre la grippe saisonnière, on ne sait jamais. Vous pourriez profiter d’une protection croisée en cas de pandémie humaine liée à la grippe aviaire », conseillent certains médecins à leurs patients. Ce type de propos ne fait qu’ajouter à la confusion du grand public concernant l’influenza aviaire, ou grippe aviaire. Cette dernière, hormis quelques dizaines de cas humains recensés en Asie, ne concerne que les oiseaux. Une telle suggestion pourrait également entraîner un succès sans précédent pour la campagne de vaccination contre la grippe humaine saisonnière. 23 % des Français ont été vaccinés en 2004-2005, une proportion stable depuis cinq ans(1).
Grippe aviaire ou pas, les professionnels de la santé devraient se faire vacciner en masse cette année, d’après un sondage réalisé chez les infirmiers, les médecins généralistes, les spécialistes et les pharmaciens. Ils étaient 58 % l’an passé. Il devrait en être de même chez les vétérinaires. En effet, plus de la moitié d’entre eux (51 %) ont déjà eu recours à la vaccination ou envisagent de le faire prochainement, selon un sondage réalisé auprès de 432 confrères et consœurs réalisé sur le site Internet Planete-vet. Ce chiffre se rapproche des résultats de l’enquête réalisée par Imago Research, en septembre dernier(2).
Il y a quelques mois, le ministère de l’Agriculture a recommandé aux praticiens qui exercent en élevage avicole de se faire vacciner contre la grippe saisonnière. L’objectif est de limiter le risque de recombinaison entre le virus humain et le virus aviaire H5N1 (dont la transmission à l’homme a été mise en évidence en Asie) et d’empêcher l’apparition d’un “nouveau” virus, éventuellement transmissible d’homme à homme.
Un risque de recombinaison existe également dans l’espèce porcine. Les porcs peuvent être contaminés à la fois par des virus grippaux aviaires et humains. La circulation simultanée des virus aviaires, humains et porcins pourrait aboutir à un réassortiment génétique.
Un autre phénomène tout aussi imprévisible est la mutation du virus aviaire H5N1 en une forme transmissible d’homme à homme. Dans cette éventualité, une société pharmaceutique a développé un vaccin humain à partir d’une souche virale animale H5N1 isolée au Viêtnam l’année dernière. Il constituerait une mince chance de bénéficier d’une protection croisée.
Eviter le repos forcé
Je me vaccine depuis quinze ans. Espérons qu’une petite immunité croisée existera avec la future version du H5N1… Ironie mise à part, que celui qui a déjà réalisé des visites rurales nocturnes et obstétricales avec 40° C de fièvre me dise que le vaccin antigrippal n’a aucun intérêt ! S’il est possible d’éviter d’être “hors service” pendant une semaine, mieux vaut se faire vacciner. Surtout quand, faute d’être salarié, on ne bénéficie pas d’un arrêt de travail dès la première heure de maladie.
Patrick JouberjeanLa rage me concerne plus
Je n’envisage pas de me faire vacciner contre la grippe humaine saisonnière, car je ne pense pas que notre métier nous surexpose au risque. En outre, j’estime qu’une atteinte grippale n’est pas bien méchante quand on fait partie de la population active. En revanche, je recommanderais aux personnes âgées, pour qui les conséquences pourraient être sérieuses, de se faire vacciner. Je travaille aux Etats-Unis où les consultations chez le médecin coûtent une fortune et, finalement, je me sens davantage concerné par mes rappels de vaccination antirabique, que j’ai du mal à respecter.
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