Les Malassezia spp. peuvent être retrouvées chez les propriétaires d’animaux

Malassezia pachydermatis est une levure lipophile, mais non lipodépendante, qui vit sur la peau et dans le conduit auditif externe des chats et des chiens. Sous l’influence de facteurs prédisposants (dermatites allergiques, dysendocrinies, etc.) qui modifient le microclimat cutané, ce champignon peut se multiplier et entraîner une dermatose érythémateuse, squameuse et prurigineuse et/ou une otite externe. Toutefois, même les chiens et les chats sains hébergent cette levure, parfois en quantité importante (par exemple chez certaines races, comme le basset hound).

L’absence de Malassezia pachydermatis sur la peau humaine est habituellement admise (d’autres espèces de Malassezia sont mises en évidence chez l’homme : furfur, globosa, sympodialis et restricta). Une étude⁽¹⁾ remet toutefois en question cette observation.

La PCR met en évidence que 86 % des chiens sains sont porteurs de M. pachydermatis

Un groupe de chiens sans affection dermatologique est sélectionné. La plupart appartiennent au personnel de l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis). Un second groupe de chiens présentant des troubles cutanés est constitué. Chez ces derniers, de nombreuses levures Malassezia pachydermatis sont mises en évidence via l’examen cytologique de prélèvements réalisés par la méthode du test à la cellophane adhésive (scotch test). Les propriétaires des chiens des deux lots acceptent de se soumettre à des prélèvements cutanés, à la fois pour la réalisation de cultures fongiques (scotch test) et d’analyses par PCR (polymerase chain reaction, par recueil du produit de lavage des mains). Les animaux font également l’objet de prélèvements en vue d’une culture fongique et d’une PCR (par écouvillonnage).

50 chiens sains et 75 chiens atopiques présentant une prolifération anormale de Malassezia sont étudiés, ainsi que leurs propriétaires. La culture fongique révèle que 10 % des chiens du groupe “sain” sont porteurs de levures Malassezia pachydermatis. Ce taux s’élève à 6 % chez leurs propriétaires. Dans l’autre groupe, 81,3 % des chiens et 38,7 % de leurs propriétaires sont porteurs de levures.

Les résultats sont encore plus édifiants avec la PCR. Elle met en évidence que 86 % des chiens sains et 92 % de leurs propriétaires sont positifs vis-à-vis de la levure. Ces taux s’élèvent à 97,3 % des chiens et à 93,3 % des propriétaires dans le lot “atteint”.

Cette étude suggère donc qu’une transmission des levures Malassezia pachydermatis du chien à l’homme est possible. Il reste à déterminer si elle reflète seulement un contact mécanique ou correspond à un portage.

M. pachydermatis n’avait pas été retrouvé fréquemment chez l’homme dans des travaux précédents. En outre, les infections humaines liées à cette espèce sont exceptionnelles dans la littérature et limitées à des cas de septicémie chez des nourrissons. Mais la question de l’identification d’espèce en présence d’une levurose à Malassezia sp. chez l’homme peut également se poser. En effet, le diagnostic différentiel entre les différentes espèces n’est pas toujours facile en pratique dermatologique… Et en attendant, il faut penser à bien se laver les mains !

• (1) D.O. Morris, K. OShea, F.S. Shofer, S. Rankin : « Malassezia pachydermatis carriage in dog owners », Emerging infectious diseases, 2005, n° 11, pp. 83-88.