La biopsie intestinale constitue un geste simple, mais non dénué de risque

Une étude menée à l’école vétérinaire de Cambridge (Angleterre), entre janvier 1993 et octobre 2003, vise à recenser les facteurs prédictifs de complications postopératoires lors de biopsies intestinales englobant toute l’épaisseur de la paroi. En effet, le diagnostic des affections du tractus gastro-intestinal fait appel à des examens sanguins, fécaux, radiologiques, échographiques et endoscopiques. Or les biopsies réalisées via l’imagerie médicale ne peuvent concerner que les parties proximale et distale du tube digestif et nécessitent une instrumentation et une technicité particulières. Il existe en outre de nombreux faux négatifs.

Le recours à des biopsies de l’ensemble de la paroi au cours d’une laparotomie permet de réaliser des prélèvements sur une zone plus étendue du tractus et d’effectuer l’examen des organes abdominaux. En outre, cette technique est accessible à tout praticien. Les chiens atteints de troubles digestifs sont toutefois des candidats potentiellement à risque pour l’anesthésie et la chirurgie, et présentent souvent un défaut de cicatrisation au niveau des sites biopsiés, à l’origine de fuites du contenu intestinal, ce qui augmente l’incidence de la morbidité et de la mortalité postopératoires.

12 % des chiens décèdent à la suite d’une rupture intestinale

L’étude regroupe soixante-six chiens de trente-quatre races différentes (32 % de femelles, 68 % de mâles), qui ont subi au moins trois biopsies intestinales (duodénum, jéjunum, iléon) et ont été suivis pendant au moins quatorze jours postopératoires.

L’antériorité des signes cliniques varie de sept jours à sept ans (moyenne de onze mois). Ils rassemblent des diarrhées (51 cas), des vomissements (31), une perte de poids (25), de l’anorexie (8) et du méléna (4). Ces symptômes ne préjugent en rien des résultats histologiques. Seize chiens présentent une hypoalbuminémie (< 25 g/l) et trente-six une hypoprotéinémie sévère (< 60 g/l). Douze souffrent d’une affection concomitante. Pour sept d’entre eux, il s’agit d’un problème dermatologique. L’intervention chirurgicale est précédée de l’administration de 20 mg/kg d’amoxicilline-acide clavulanique, prescription poursuivie par voie orale pendant trois jours. Les sites biopsiés sont suturés avec des points simples au moyen d’un fil résorbable. La cavité abdominale est rincée avant d’être refermée (gants et matériel stériles).

Sept chiens (11 %) présentent des complications mineures (anorexie, vomissements et diarrhée attribués à une probable péritonite modérée, déhiscence de suture cutanée, œdème, dilatationgastrique, hypokaliémie). Huit animaux décèdent à la suite d’une rupture intestinale entre le troisième et le neuvième jour postopératoire. Sept souffrent d’une péritonite septique, fatale dans un cas. 34 % des chiens présentent une hypoalbuminémie (inférieure à 25 g/l), deux en décèdent. Il n’existe pas de corrélation significative entre les paramètres biochimiques, cliniques ou hématologiques et le risque de mortalité postopératoire.

Une hypoalbuminémie sévère (inférieure à 20 g/l) peut influencer le risque de déhiscence

Des études antérieures mettaient en avant l’âge, les maladies intercurrentes, l’hypoprotéinémie ou la malnutrition comme facteurs pronostiques. Ces hypothèses ne sont pas confirmées dans ces travaux. Seule une malnutrition entraînant un amaigrissement supérieur à 33 % du poids normal et une hypoalbuminémie inférieure à 20 g/l semblent avoir une influence sur l’augmentation du risque d’œdème tissulaire à l’origine de déhiscence des sutures. En outre, les chiens qui reçoivent des corticoïdes (entre 0,1 et 0,5 mg/kg) ne présentent pas de risques postopératoires supplémentaires, contrairement aux résultats de recherches menées chez l’homme. Les posologies utilisées ici ne sont toutefois pas immunosuppressives et ne perturbent donc pas la fibroplastie.

Il en résulte qu’aucun paramètre n’a de valeur pronostique sur ce type d’intervention chirurgicale et que le taux de mortalité de 12,1 % correspond à celui rencontré lors de toute entérotomie (12 %). Il convient de considérer chaque cas individuellement et de se rappeler que les biopsies intestinales ne sont pas un acte bénin. Le management des animaux en périodes préopératoire et postopératoire doit être maximal.

• Source : C.J. Shales et coll. : « Complications following full-thickness small intestinal biopsy in 66 dogs : a retrospective study », Journal of small animal practice, 2005, n° 46, pp. 317-321.