Biothérapies
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Richard Blostin
Cette plante, bien connue en médecine humaine, permet d’aborder facilement l’homéopathie vétérinaire par le biais de la traumatologie.
L’arnica (Arnica montana) est une plante médicinale bien connue, présente dans de nombreux médicaments familiaux utilisés en traumatologie. En médecine vétérinaire, elle est également précieuse et sa facilité d’utilisation peut être un moyen d’aborder les biothérapies : phytothérapie et homéopathie. En effet, l’arnica conserve ses principales propriétés thérapeutiques, quelle que soit la dilution choisie.
En phytothérapie, elle peut être utilisée par voies orale et locale. Comme toute plante aux composants complexes (voir encadré en p. 33), l’arnica présente un intérêt thérapeutique lié à une synergie d’actions, mais sa toxicité en limite beaucoup l’usage thérapeutique. Autrefois, les médecins employaient l’arnica comme stimulant, tonicardiaque, fébrifuge et diurétique. Mais le dépassement des doses médicinales entraîne rapidement l’apparition de symptômes d’intoxication (nausées, vomissements, douleurs abdominales, vertiges). Ainsi, l’utilisation phytothérapique actuelle de l’arnica par voie orale a pratiquement disparu. L’homéopathie, en revanche, permet sa prescription per os.
Malgré l’abandon de ses anciennes indications orales, cette plante reste d’un usage courant dans un domaine qui a fait sa réputation : la résolution des traumatismes sans plaie. Chez l’homme comme chez l’animal, elle est utilisée le plus souvent sous forme d’onguent, de gel ou d’huile de massage pour traiter les ecchymoses, les œdèmes, les contusions, les douleurs musculaires, les furoncles, les piqûres d’insectes et les phlébites superficielles.
L’utilisation homéopathique de l’arnica reprend ses utilisations phytothérapiques, mais de façon plus étendue. La prescription homéopathique se fait principalement à partir des signes d’intoxication, de l’expérience clinique et des pathogénésies.
Ces dernières sont des expérimentations réalisées chez des personnes saines, à partir du remède homéopathique donné de façon répétée, généralement en haute dilution. Selon les individus, des symptômes apparaissent, évoluent dans le temps et cessent rapidement dès l’arrêt des prises. Les observations de ces pathogénésies sont consignées dans les Matières médicales homéopathiques.
L’homéopathe cherche alors à prescrire un remède “en similitude” avec les symptômes du malade, c’est-à-dire ceux qui se rapprochent le plus des pathogénésies : il s’agit de la loi de Similitude. L’homéopathe s’intéresse aussi à la totalité des symptômes du malade : locaux, généraux et comportementaux. C’est le principe de Totalité présent dans d’autres techniques médicales comme l’acupuncture.
Les indications homéopathiques de l’arnica en médecine vétérinaire sont multiples et intéressent surtout la traumatologie et ses conséquences (voir photo ci-dessus et bibliographie 9). Arnica est le remède majeur du traumatisme, physique comme comportemental, après un accident, une intervention chirurgicale ou un choc émotionnel (voir encadré).
Ainsi, chez le chien ou le cheval sportifs, il permet d’améliorer la récupération après l’effort et de limiter les séquelles de traumatismes musculaires, tendineux ou articulaires. Chez différentes espèces, Arnica est utilisé dans la préparation à la mise bas, notamment associé à Caulophyllum et Actea racemosa. Une étude multicentrique contre placebo a montré que ce traitement permettait d’obtenir plus de chiots vivants au sevrage (voir bibliographie 10). Il peut être utilisé en haute dilution dans les troubles comportementaux à la suite des peurs ou des stress psychologiques (remède de suite de deuil par exemple, chez l’animal comme chez l’homme). Il est aussi utilisé dans des domaines particuliers comme la prévention des hémorragies de foie gras de canard en cours de gavage (voir bibliographie 11). Ce remède est également indiqué lors de syndromes infectieux de type grippal, avec des symptômes pouvant rappeler les suites d’un traumatisme, accompagnés en plus d’un signe caractéristique : la tête chaude et les extrémités froides.
Arnica n’est pas le seul remède homéopathique en traumatologie vétérinaire. En théorie, il en existe une cinquantaine susceptibles d’être en Similitude avec un patient traumatisé. Mais en pratique quotidienne, d’excellents résultats sont obtenus en utilisant Arnica en première intention. La traumatologie est un domaine où l’homéopathie fonctionne rapidement, durablement et sans effet secondaire. Arnica s’administre per os sous forme de doses globules, de granules ou de liquide.
En traumatologie, Arnica peut être utilisé quelle que soit la dilution centésimale hahnemannienne (CH), par exemple de la teinture mère en 30 CH. Mais généralement, il est considéré en homéopathie que, plus le traumatisme est profond et touche le système nerveux, plus la dilution doit être élevée.
En termes de fréquence, l’idéal est de donner, immédiatement après le traumatisme, une dose ou son équivalent (une dose globule peut correspondre, du point de vue de l’efficacité, à quelque quinze granules ou gouttes). De façon générale, surtout en phase aiguë, la fréquence d’administration est plus importante que la quantité administrée à chaque prise. L’administration d’Arnica (trois à cinq granules) est à répéter deux à trois fois par jour selon l’amélioration. Par exemple, après une intervention chirurgicale, donner une dose en 15 CH favorise le réveil (lors d’utilisation de la kétamine), puis cinq granules en 7 CH, deux fois par jour jusqu’au retrait des fils.
Arnica se trouve souvent associé, dans des complexes homéopathiques, à d’autres remèdes fréquemment rencontrés en traumatologie : Bellis perennis (Arnica du génital), Ruta graveolens (Arnica du tendon, du périoste et du périarticulaire), Hypericum (Arnica du nerf), Ledum palustre (ecchymoses, blessures par instruments piquants qui n’ont pas saigné). Ces médicaments complexes, utilisés localement ou per os, renforcent souvent positivement l’action d’Arnica.
Arnica montana est une plante remarquable, car elle garde ses principales indications thérapeutiques de la teinture mère phytothérapique jusqu’aux plus hautes dilutions homéopathiques. Ses propriétés peuvent s’expliquer en grande partie par sa composition chimique (voir encadré en p. 32). Il est possible que sa toxicité aux doses pondérales (phytothérapiques) soit atténuée par les dilutions homéopathiques, permettant ainsi d’exprimer au mieux ses potentialités thérapeutiques.
Cet aspect de l’action d’Arnica n’est pas une règle en homéopathie. Souvent, au contraire, une inversion entre les effets aux doses pondérales et ceux aux doses infinitésimales est constatée. Ainsi, Opium sera prescrit chez des sujets lents, ralentis ; Nux vomica pourra être donné lors de troubles digestifs avec vomissements. En outre, certaines plantes non toxiques, voire considérées comme inertes (comme Lycopodium clavatum, la poudre de lycopode), ont malgré tout une grande action thérapeutique en homéopathie.
Arnica est facile d’utilisation, que ce soit localement en phytothérapie ou per os en homéopathie. C’est le premier remède de tout traumatisme et de ses séquelles plus ou moins lointaines, ainsi que lors de tout surmenage musculaire.
(1) http://www.medecinesnaturelles.com/pages/plantes/index/A/arnica.htm
Le prochain séminaire d’initiation à l’homéopathie du Groupe d’études en biothérapies (GEB-Afvac) aura lieu les 21 et 22 janvier à Paris. Renseignements : Benoît Sauvan, tél. : 05 59 63 70 00.
En médecine vétérinaire, ce remède est indiqué notamment lors de :
- surmenage musculaire (chien de chasse ou animal de sport) ;
- choc traumatique ;
- hémorragie traumatique (ecchymoses, hématomes) ;
- tendinite, entorse, luxation ;
- dorsalgie après un effort ;
- gestation et accouchement ;
- rupture de petits vaisseaux périphériques suivie d’hématome ;
- conséquences comportementales de tout choc physique comme émotionnel ;
- en prévention et après un traumatisme chirurgical.
R.B.De la famille des astéracées (comme la camomille ou le souci), Arnica montana(1) est une fleur sauvage qui pousse en altitude. Ses propriétés pour soigner les contusions et les ecchymoses ont été décrites pour la première fois au Moyen-Age. Aujourd’hui, elle est cultivée pour son utilisation pharmaceutique. La composition chimique de l’Arnica est complexe (voir bibliographie 1) :
- une huile essentielle ;
- un complexe de carotène et de manganèse ;
- des dérivés polyacétyléniques ;
- de nombreux polyphénols (augmentation du flux coronarien, effet inotrope et chronotrope positif) ;
- des lactones sesquiterpéniques, dont l’hélénaline (activité anti-inflammatoire, voir bibliographie 2, 3, 4, 5 et 6).
Elle est aussi irritante pour la peau de l’homme et des animaux.
D’autres plantes sont utilisées en traumatologie, comme la pâquerette lors d’ecchymoses ou de traumatismes de l’appareil génital, la grande ciguë pour les traumatismes mammaires et les échinacées sur les plaies infectées.
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