Le cheval à l’effort est soumis à de fortes sollicitations thermiques

La maîtrise de la température corporelle, lors d’un effort sportif chez le cheval, est un point à ne pas négliger, selon le professeur Raymond Geor, de l’université de Guelph (Ontario, Etats-Unis). L’hyperthermie peut en effet aboutir à certaines atteintes, comme celle du système nerveux central.

Chez le cheval, les pics de chaleur peuvent survenir dans des circonstances variées. Les épreuves des jeux Olympiques de Barcelone (Espagne) ont par exemple fait grand bruit en 1992 en raison de pics d’hyperthermie délétères observés chez plusieurs chevaux. La production de chaleur dépend directement de la charge de travail. Lorsque l’effort s’accroît, la température s’élève au niveau du sang et du muscle. Un effort de moindre intensité, mais sur une plus longue durée, permet en revanche la mise en place d’un mécanisme d’adaptation. « Le message à faire passer, c’est que le cheval à l’effort fournit beaucoup de chaleur, explique Raymond Geor. Pour éviter la surchauffe, une perte de chaleur, qui passe essentiellement par le muscle, doit avoir lieu. » Les mécanismes de dissipation de chaleur chez le cheval passent par le biais de la transpiration (70 %) et de la respiration (30 %).

En outre, la charge thermique pour le cheval est beaucoup plus importante que pour l’homme. La surface corporelle, par rapport à la masse corporelle, est plus petite chez le premier que chez le second.

La déshydratation peut porter atteinte à la thermorégulation

« Le cheval possède une prodigieuse capacité de transpiration, car il peut perdre de huit à quinze litres par heure. » Cela donne une idée du risque de déshydratation encouru. La déshydratation elle-même peut en outre porter atteinte à la thermorégulation. En effet, elle exacerbe l’hyperthermie qui s’accumule pendant l’effort. Le cerveau est maintenu à une température inférieure à celle du corps. Le cheval peut manifester une grande tolérance à la chaleur, mais lorsqu’il travaille à des températures plus basses, sa transpiration est moindre. Quand il fait chaud, la perte de chaleur par convection-radiation est réduite et le cheval s’en remet à la transpiration. Le stress dû à la chaleur n’est plus compensé et l’hyperthermie à l’effort est augmentée. Cette dernière provoque en outre de la fatigue.

Lors du passage de conditions chaudes et sèches à chaudes et humides, la thermorégulation risque d’être compromise, ses exigences étant en concurrence avec celles du débit cardiaque et du muscle. La chaleur réduit aussi la capacité aérobique. Une réduction de la performance est en outre constatée, en raison de la baisse de la V2Omax.

Plusieurs pratiques permettent de lutter contre le risque d’hyperthermie

Pour remédier au risque d’hyperthermie chez le cheval, plusieurs paramètres sont à prendre en considération : les conditions d’entraînement, l’acclimatation des animaux aux températures chaudes, le refroidissement actif, le maintien de l’hydratation, la réduction de la durée de l’effort, mais aussi les possibilités offertes par une alimentation plus grasse qui limite la production de chaleur pendant l’effort. Le refroidissement actif consiste à verser de l’eau froide, mais non glacée, sur le corps du cheval : « Cette application n’engendre pas d’atteintes au niveau des muscles, comme en témoignent les dosages des enzymes musculaires qui ne sont pas modifiés par cette stratégie. » Il convient de prévoir plusieurs cycles d’application et d’élimination de l’eau.

Pour lutter contre la déshydratation, « les chevaux préfèrent en outre que l’eau soit tiède plutôt que froide ou chaude ».

L’entraînement physique joue par ailleurs un rôle important. « Entraîner un cheval dans des conditions chaudes présente des avantages », estime le professeur Raymond Geor. L’acclimatation également. En revanche, les bienfaits se dissipent lorsque le cheval doit faire un effort dans un climat chaud et humide.