Notre appauvrissement est masqué, mais réel

Dans un récent article⁽¹⁾, le président du Syndical national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) exhorte les vétérinaires à se faire payer correctement, convaincu que notre “timidité” nous a coûté 25 % de pouvoir d’achat en dix ans. J’y vois d’autres causes.

D’une part, les clients ne connaissent pas le coût des prestations humaines (liées à la réalisation de radiographies, de numérations-formules, à l’hospitalisation, etc.). Ils ne paient plus rien et, bien entendu, tout leur paraît cher. Pourtant, je leur explique que nous sommes une petite entreprise privée qui regroupe tous les services d’une clinique humaine pour un tarif dix à quinze fois inférieur, mais trois fois plus rapide.

D’autre part, pour avoir suivi de nombreux séminaires de merchandising, de marketing et autres audits, je remarque que nos zélés partenaires n’ont jamais abordé le thème des honoraires et l’impérieuse nécessité de les réajuster. Cet oubli n’est-il pas un acte prémédité ? En effet, rassurés et endormis par le maintien, voire la progression de notre chiffre d’affaires, nous n’avons jamais compensé nos dépenses par une hausse tarifaire. De son côté, le prix des aliments et des médicaments s’accroît de 4 à 6 % par an, sans honte et sans état d’âme de la part des fabricants. Comme par hasard, notre appauvrissement (baisse des bénéfices) correspond à l’arrivée en force des aliments sur nos présentoirs ! Copieusement manipulés par des “partenaires” bien formés, flatteurs à souhait, nous voici en plein dans la fable du corbeau et du renard (un comble pour nous).

La diététique à la suite de nos prescriptions, d’accord. Mais jouer au marchand de grande surface, c’est la mort assurée. Décidé à ne pas reculer plus encore dans l’échelle des revenus, j’ajuste, j’applique, j’explique.

• (1) Paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 873, du 12 au 18/11/2005.