Depuis plusieurs années, les praticiens libéraux et les salariés de groupement coopèrent

Les actions des différents intervenants de la filière bovine sont complémentaires. Techniciens, vétérinaires salariés de coopératives et praticiens libéraux peuvent s’entendre et travailler en synergie vers des intérêts communs. Les actions développées depuis plusieurs années par le groupe Terrena et l’Union régionale des groupements techniques vétérinaires (URGTV) des Pays-de-la-Loire le montrent. La coopérative s’appuie en effet sur le maillage territorial réalisé par les praticiens pour accomplir des missions sanitaires organisées. La dernière en date est l’action “nurserie”. Une réunion d’information sur ce thème s’est tenue à Angers (Maine-et-Loire) le 11 janvier dernier. Elle a rassemblé une vingtaine de praticiens du département, ainsi qu’une vingtaine de techniciens du groupe coopératif.

« Cela a d’abord permis de mieux se connaître », explique notre confrère Pascal Fanuel, vétérinaire conseil de Ter’Elevage, groupement d’éleveurs bovins de Terrena. Le but était également de présenter la “visite nurserie”. « Les génisses de moins de six mois sont fréquemment sujettes à des coccidioses, en présevrage ou en postsevrage. Cela a conduit au développement de schémas de prévention systématiques fondés sur la prescription d’aliments médicamenteux ou de médicaments anticoccidiens. Il nous a paru nécessaire de promouvoir la mise en place d’une visite spécifique des nurseries de façon à appréhender l’ensemble de la conduite d’élevage des animaux de cette tranche d’âge, et ainsi recadrer les pratiques de l’éleveur », souligne Pascal Fanuel. La visite est réalisée par le praticien en charge de l’élevage, parfois accompagné du technicien de la coopérative.

« L’avenir de nos structures passe par cette délégation »

« La collaboration entre libéraux et salariés de la coopérative fonctionne bien, estime Jean-Michel Quillet, président de l’URGTV des Pays-de-la-Loire. Le discours tenu auprès de l’éleveur est cohérent. L’exploitant est rassuré. » Cette démarche s’illustre également par la lutte contre la grande douve, réalisée conjointement par les deux parties depuis fin 2004, sous l’impulsion de Frédéric Lemarchand, vétérinaire en charge de la production laitière de Terrena. Un outil de type HACCP⁽¹⁾, élaboré sous la maîtrise de l’école vétérinaire de Nantes, est appliqué par les praticiens dans les élevages adhérents. « Il ne s’agit pas d’une course à la vente de produits. Nous organisons une action fondée sur un dispositif pertinent en mettant de côté l’outil “médicament”. Au final, l’incidence des saisies de foies douvés à l’abattoir devrait diminuer. Tout le monde y trouvera alors son compte. » Cette action de lutte contre Fasciola hepatica s’inscrit dans le prolongement de la démarche BIF (steak haché de qualité), initiée depuis plusieurs années et désormais bien rôdée. « Une telle démarche est réalisable, économiquement rentable et pertinente. L’avenir de nos structures vétérinaires passe par ce type de délégation, affirme Jean-Michel Quillet. Il s’agit de la direction vers laquelle il faut tendre. »

• (1) Hazard analysis and critical control points.