Lors de souffle, le tableau clinique mérite attention

Les souffles sont des sons détectés à l’auscultation, entre les battements cardiaques, a rappelé notre consœur britannique Celia Marr en préambule de son intervention lors du dernier congrès de médecine et de chirurgie équines de Genève. Leur détection survient souvent à l’occasion d’une consultation dans le cadre d’un examen général, avant une anesthésie ou lors de la visite d’achat.

Certains souffles étant physiologiques, le praticien doit s’attacher à déterminer ceux qui ont une signification pathologique modérée ou grave. Le tout en gardant à l’esprit que la cardiologie équine présente des spécificités par rapport à celle d’autres espèces animales.

Il convient d’interpréter le phénomène, qui peut être ou non pathologique

Notre consœur liste quatre sons normaux. Le premier correspond au début de systole et le deuxième au début de diastole. Les deux autres, notamment audibles chez le cheval athlète qui possède un gros cœur, correspondent respectivement au remplissage ventriculaire et à celui des oreillettes (à la fin de la diastole). « Si un son autre est entendu, cela signe la présence d’un souffle cardiaque », explique Celia Marr.

Ces souffles, qui correspondent à un problème de flux laminaire, peuvent être générés par différents processus. Ainsi, une variation de la viscosité du sang (anémie, hypoprotéinémie), en accélérant le flux sanguin, peut provoquer le bruit perçu à l’auscultation. En outre, le sang peut partir du cœur dans une direction anormale, occasionnant alors une turbulence. L’origine peut aussi être un flux anormal dans un vaisseau. Le cas le plus fréquent est toutefois une régurgitation à travers une valve qui présente une fuite. Ces phénomènes peuvent ne pas avoir de caractère pathologique. Par ailleurs, une circulation normale peut entraîner des souffles physiologiques. Mais dans tous les cas, « il convient de classifier le phénomène », souligne Celia Marr. Les critères d’évaluation incluent alors le moment d’apparition du souffle, sa localisation (point d’intensité maximale et direction de la radiation) et sa qualité (intensité et forme).

L’insuffisance mitrale provoque des souffles audibles en systole

« Les souffles audibles en systole sont constatés dans la partie basse du poitrail et sont dus à une insuffisance mitrale ou de flux aortique », précise Celia Marr. Des sons anormaux peuvent être présents tout au long de la systole et bruyants au niveau des valves semi-lunaires. « Ils donnent l’impression d’une respiration, car ils vont decrescendo-crescendo. »

De nombreux éléments de l’insuffisance mitrale concernent le cheval athlète. « Dans la moitié des cas, elle est associée à de mauvaises performances sportives », explique notre consœur. Elle affecte souvent les animaux d’âge moyen et toucherait 5 % des équidés avec l’âge, selon Celia Marr.

L’insuffisance mitrale, qui va parfois jusqu’à la fibrillation, peut être associée à des manifestations inflammatoires. « La présence d’une endocardite ou d’une valvulite peut aussi être notée. » Les cas de dysplasie sont rares. En outre, « elle peut entraîner la rupture des cordages mitraux, qui n’est donc pas toujours la manifestation d’une maladie dégénérative ».

« La présentation clinique est importante », souligne notre consœur. Elle insiste par ailleurs sur le caractère lent du processus « qui ne commence pas d’emblée par des signes sévères, mais peut aller vers un collapsus ».

Le souffle est holosystolique ou pansystolique et son grade ne traduit pas toujours la sévérité de la maladie. Quand les bruits sont plus forts, il convient de rechercher une arythmie (dont l’incidence est plus élevée chez les chevaux souffrant d’insuffisance mitrale), une tachycardie, etc. Dans ce cas, « l’électrocardiogramme seul n’est pas toujours intéressant. Il peut être préférable de l’associer à une échocardiographie ». Cette dernière permet d’évaluer la régurgitation de la valve mitrale. Le pronostic est bon si le jet de régurgitation est faible.

L’insuffisance aortique est à l’origine de souffles diastoliques

D’autres affections provoquent des souffles systoliques de différents grades, comme l’insuffisance tricuspide, qui est plus fréquente chez les chevaux de sang. En outre, le défaut de septum ventriculaire est une affection congénitale chez le cheval.

Pour leur part, les souffles diastoliques « sont des bruits vifs, avec un petit decrescendo ». Ils peuvent survenir lors d’insuffisance aortique. La valve aortique est en effet un site commun d’atteinte, plus fréquemment chez les chevaux d’âge moyen ou âgés. L’affection causale peut notamment être une endocardite bactérienne. Le souffle aortique audible peut alors être pandiastolique ou holodiastolique. Lorsque l’insuffisance est modérée, les chevaux atteints bénéficient d’un pronostic correct (survie de plusieurs années).