Le diagnostic du pemphigus foliacé repose sur l'analyse histologique

Le pemphigus foliacé est la maladie auto-immune la plus fréquente chez le cheval, de deux mois à vingt-cinq ans d'âge. Des anticorps sont dirigés contre les desmosomes de l'épithélium stratifié, conduisant à la perte de la cohésion intracellulaire, à une acantholyse et à la formation de bulles dans l'épiderme. Chez l'homme et le chien, la desmogléine I (une glycoprotéine) est l'antigène majeur qui déclenche le pemphigus foliacé. Chez les équidés, aucune information n'est encore disponible à ce sujet.

L'expression de la maladie peut prendre un caractère épisodique

Notre consœur Sonja Zabel et ses collaborateurs rapportent quinze cas de pemphigus foliacé chez des chevaux examinés entre 1991 et 2002 et comparent les données obtenues à celles de la littérature⁽¹⁾.

Aucune prédisposition de race, de sexe ou même de couleur de robe ne semble exister, conformément aux précédentes observations. L'apparition du pemphigus foliacé peut être déclenchée par le stress, l'administration d'un médicament, une maladie systémique ou une hypersensibilité aux piqûres de Culicoides. Fréquemment, l'affection disparaît puis réapparaît. L'étude ne relève aucune prévalence accrue entre septembre et février, contrairement à d'autres rapports de cas.

L'apparition des lésions au niveau de la tête et des extrémités, le plus souvent, semble confirmée. Elles s'étendent généralement à d'autres zones (encolure ettronc) dans les trois mois qui suivent. Les lésions sont plus rarement détectables sur les bandes coronaires, le prépuce ou la mamelle. Sonja Zabel et ses collaborateurs décrivent un prurit d'intensité variable dans la moitié des cas, comme cela est déjà mentionné par ailleurs.

Les lésions consistent au départ en vésicules, bulles et pustules, particulièrement fragiles et bien visibles au niveau des jonctions cutanéo-muqueuses. Les lésions secondaires sont représentées par des érosions, des croûtes, un squamosis et une alopécie. Celles qui impliquent les muqueuses sont rares chez le cheval.

L'apparition des signes systémiques comme un œdème ventral et des extrémités, de l'abattement, de la fièvre, de l'anorexie et une perte de poids a été précédemment rapportée chez plus de la moitié des chevaux atteints, ainsi que des anomalies hématologiques et biochimiques (anémie, neutrophilie, hypoalbuminémie, hyperglobulinémie, hyperfibrinogénémie). A l'inverse, chez les quinze cas étudiés récemment, les symptômes généraux et les anomalies sanguines sont rares.

Le raclage cutané peut aider à établir le diagnostic

Le diagnostic différentiel du pemphigus foliacé concerne toutes les maladies caractérisées par un squamosis et des croûtes, parmi lesquelles la dermatophytose.

Le diagnostic repose sur la mise en évidence de lésions lors de l'analyse histologique (pustules intra-épidermiques et acantholyse marquée) et sur l'examen de plusieurs biopsies réalisées “à cheval” sur des zones cutanées saines et lésées. L'immunofluorescence directe ne présente pas d'intérêt par rapport à l'analyse histologique. Fait intéressant, le diagnostic s'est plusieurs fois fondé sur un raclage cutané dans le cadre de cette étude. Les auteurs insistent sur l'intérêt d'intégrer cette méthode rapide, facile à exécuter et économique dans la démarche diagnostique.

Cette recherche n'apporte toutefois pas d'éléments sur l'efficacité des traitements à cause d'un manque de suivi à long terme des quinze chevaux examinés.

Quant au pronostic, il dépend de l'âge auquel apparaissent les lésions. Ainsi, il est meilleur chez les jeunes. La maladie tend à être moins sévère, à mieux répondre au traitement et peut même régresser spontanément chez les chevaux de moins d'un an.

• (1) S. Zabel, R.S. Mueller, K.V. Fiesler, S.V. Bettenay, J. D. Littlewood, R. Wagner : « Review of 15 cases of pemphigus foliaceus in horses and a survey of the literature », The Veterinary Record, 2005, n° 157, pp. 505-509.