Le couagga, un zèbre sans rayures disparu depuis plus d’un siècle, a été reconstitué - La Semaine Vétérinaire n° 1214 du 18/02/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1214 du 18/02/2006

Renaissance d’une espèce éteinte

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Alain Zecchini

La réapparition de cet équidé exterminé par l’homme est un défi à l’évolution.

Le couagga (aussi orthographié quagga, comme en anglais) est un équidé de la famille des zèbres. Il s’est éteint par la faute de l’homme. Peut-il être recréé ? C’est en tout cas le but d’un programme initié depuis une vingtaine d’années. Le dernier représentant captif de l’espèce est mort le 12 août 1883 au zoo Artis Magistra d’Amsterdam (Pays-Bas). Mais dans son habitat, en Afrique du Sud, la disparition de cet animal a été relatée plus tôt. Le dernier individu a probablement été tué en 1878.

Le déclin du couagga a duré deux siècles, mais de manière inexorable. Il a été traqué pour sa viande et sa peau. Il a également été abattu par les éleveurs qui lui reprochaient de dilapider la ressource herbeuse des moutons, des chèvres et des vaches. A partir du début du XIXe siècle, il devint aussi la proie des chasseurs “sportifs”.

La première tentative de reconstitution du couagga date des années 1930

Le nom de couagga dérive de la transcription du cri de l’animal : « kwa-ha-ha ». Mais ce terme, en afrikaans, a servi à désigner toutes les espèces de zèbres. La confusion qui en résulte éclaire, en partie, l’absence de reconnaissance de la singularité du couagga avant son extinction.

Il se différencie pourtant des autres zèbres dans sa morphologie externe. Ses rayures ne sont pas noires, mais tirent sur le brun foncé et, surtout, sont inexistantes sur la croupe et les membres. Ces singularités semblent pouvoir s’expliquer grâce au zèbre de Burchell qui présente également des rayures brun foncé (chez les juvéniles uniquement) et dont les membres sont peu ou pas rayés. En outre, ses rayures diminuent vers la croupe, au fur et à mesure que l’espèce passe du nord au sud de son aire de répartition (de la zone Soudan/Ethiopie/Somalie, jusqu’à l’Afrique du Sud). Le couagga vivait bien à l’extrême sud du continent africain. Tirant parti de ces similitudes, un zoologiste allemand, Heinz Heck, a entrepris de “recréer” le couagga dans les années 1930. Pour lui, il s’agissait d’une simple variation du zèbre de Burchell. En croisant des individus de cette espèce de moins en moins marqués sur la croupe, il est parvenu à produire, en 1940, un poulain estimé être une copie du couagga. Mais l’expérience a été interrompue par la Seconde Guerre mondiale.

Il existe actuellement une petite centaine de couaggas reconstitués

L’idée a été reprise par un taxidermiste sud-africain, Reinhold Rau, à partir de 1969. Il a examiné toutes les peaux de couagga présentes dans les zoos et institutions scientifiques du monde. Puis a demandé l’analyse moléculaire d’une d’entre elles. Elle a révélé, en 1984, que le couagga et le zèbre de montagne se sont séparés d’un ancêtre commun voici deux à trois millions d’années. En 1987, un a suggéré suggéra que l’ADN mitochondrial du couagga est identique à celui du zèbre de Burchell. Le “projet couagga” pouvait donc débuter. Reinhold Rau l’a mis en forme avec l’appui du Musée sud-africain. Neuf zèbres de Burchell ont été capturés en Namibie, en mars 1987. D’autres animaux sont venus d’Afrique du Sud par la suite. Tous ont été croisés avec la même finalité que celle de Heinz Heck : produire des individus conformes à l’animal disparu. Il existe actuellement une petite centaine de ces couaggas reconstitués. Chez certains, effectivement, la croupe n’a pas de rayures, mais seulement dans sa partie inférieure, comme le zèbre de Burchell dans sa variation d’Afrique australe. Mais les rayures du couagga, elles, commençaient à s’estomper après le garrot.

Plusieurs questions se posent d’ores et déjà sur cette adéquation avec le zèbre de Burchell. Des travaux plus récents, de morphologie, se sont révélés contradictoires. L’un (1999), fondé sur des mensurations du crâne, estime que le couagga est aussi différent du zèbre de Burchell que ce dernier l’est du zèbre de montagne. L’autre (2004), s’appuyant sur les caractères de la robe comme du crâne, rapproche largement le couagga du zèbre de Burchell, et suggère que tous deux sont des sous-espèces parentes, de la même espèce Equus quagga.

Les mêmes gènes peuvent-ils s’exprimer quand la pression de sélection a changé ?

La biologie moléculaire a permis d’avancer un peu plus, sans que le constat soit définitif. L’examen de l’ADN mitochondrial des deux animaux (2005) a conduit les chercheurs à suggérer que le couagga a divergé du zèbre de Burchell assez récemment, il y a 120 000 à 290 000 ans. Une population du zèbre de Burchell se serait trouvée isolée et aurait poursuivi une évolution indépendante. Dans ces circonstances, l’adaptation aurait été rapide. La perte accentuée de rayures, par rapport à la variation d’Afrique australe du zèbre de Burchell, s’expliquerait à la fois par l’interruption du flux génique et par la réponse morphologico-physiologique dans un nouvel habitat, plus sec que celui d’origine.

Les gènes du couagga, et les séquences de gènes, ont disparu avec l’animal historique. Peuvent-ils se retrouver chez les animaux reconstitués, surtout si la divergence entre le couagga et le zèbre de Burchell est confirmée ? Les caractères génétiques d’une espèce sont largement tributaires de la pression de sélection qu’elle subit, et cette pression, dans ses multiples aspects, ne peut pas être récréée à l’identique. Reinhold Rau et les autres animateurs du projet couagga n’en estiment pas moins que l’habitat actuel du zèbre de Burchell “austral” n’est pas différent de celui du couagga d’origine et que les animaux reconstitués pourront faire preuve des mêmes adaptations que celles manifestées par le couagga, donc lui ressembler, à terme… En attendant, une partie de ces zèbres ont été introduits en Afrique du Sud et laissés libres de leur reproduction. Pour d’autres, l’insémination artificielle est envisagée, afin de maximiser les naissances et ancrer plus rapidement les caractères morphologiques souhaités dans le patrimoine génétique de ces “nouveaux couaggas”.

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