Le virus H5N est présent sur le territoire de l’Union

L’information est tombée le 11 février : le virus H5N1 hautement pathogène de l’influenza aviaire a été identifié chez six cygnes en Italie du Sud. Les oiseaux sauvages ont été retrouvés morts en Sicile orientale, dans la région des Pouilles et en Calabre, dans des étangs et des zones humides fréquentés par les oiseaux d’eau. Les analyses ont été effectuées par le laboratoire de référence de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), situé à Padoue.

Concernant la Grèce, des cas suspects découverts la semaine dernière près de la frontière turque ont été confirmés le 13 février dernier par le laboratoire de Weybridge (Royaume-Uni). Trois cygnes sauvages retrouvés morts dans les régions de Thessalonique et de Pierra étaient bien porteurs du virus H5N1 hautement pathogène.

A l’heure où nous mettons sous presse, le 15 février, les autorités allemandes annoncent que des examens pratiqués chez deux cygnes morts retrouvés sur l’île de Rügen, en mer Baltique, indiquent que les oiseaux seraient eux aussi contaminés par le H5N1. Dans le sud-est de l’Autriche, près de la frontière slovène, deux cygnes retrouvés morts près de Gratz, dans le land de Styrie, seraient également porteurs du virus. Mais les laboratoires de référence n’ont encore apporté aucune confirmation officielle au moment où ces lignes sont écrites.

En France, l’autopsie du cygne retrouvé mort sur la plage de Honfleur (Calvados) exclut une éventuelle contamination. Des cultures virales sont toutefois en cours, par précaution. Toujours dans l’Europe des vingt-cinq, le sous-type H5 de l’influenza aviaire a été détecté chez un cygne en Slovénie, sur les bords de la rivière Drava. Les autorités en ont informé l’OIE le 12 février dernier. La caractérisation de la neuraminidase est en cours au laboratoire de Weybridge alors que nous mettons sous presse.

Selon plusieurs spécialistes, ces cygnes contaminés (royaux pour la plupart) faisaient certainement partie d’un vol d’oiseaux sauvages chassés par le froid régnant dans les pays balkaniques où ils passent la saison hivernale.

Pour l’heure, la parenté antigénique des souches découvertes en Europe avec la souche asiatique, qui sévit depuis fin 2003 sur ce continent, n’est pas encore disponible.

Dans la région frontalière entre l’Asie et l’Europe, l’Azerbaïdjan a annoncé, le 10 février, la découverte du virus H5N1 chez des oiseaux sauvages morts flottant près de la côte de la mer Caspienne. Mais aucune notification officielle n’a pour l’heure été faite à l’OIE.

La Roumanie, de son côté, touchée par la maladie depuis octobre dernier, continue de signaler des cas chez des volailles domestiques, près de la frontière avec la Bulgarie. Cette dernière avait annoncé, le 3 février dernier, avoir isolé le sous-type H5 chez des cygnes sauvages, dans la région marécageuse de Vidin, proche de la frontière roumaine. Les analyses effectuées par le laboratoire de Weybridge ont confirmé, le 11 février, qu’il s’agit du sous-type H5N1.

L’Iran a aussi déclaré la présence du H5N hautement pathogène chez 53 cygnes dans la région de Rasht, confirmée par des analyses effectuées par le laboratoire de Padoue. Ce pays est voisin de l’Irak qui, le 2 février, a notifié à l’OIE deux foyers de sous-type H5 chez des volailles de basse-cour au nord du pays.

Risque maximal en Europe au printemps lors du retour d’Afrique des oiseaux migrateurs

Au Nigeria, premier pays africain à avoir officiellement notifié à l’OIE la présence du virus hautement pathogène H5N1 sur son territoire, le 7 février dernier, la maladie a essaimé dans d’autres élevages. Elle a ainsi été officiellement détectée dans la région de Kaduna, mais aussi dans celle de Kano, au nord du pays.

Certains spécialistes supposent que le virus est arrivé au Nigeria via des oiseaux migrateurs aquatiques nichant autour du lac Tchad. Sa diffusion dans d’autres pays proches est à craindre. Selon plusieurs experts de la Food and Agriculture Organisation (FAO), il aurait déjà atteint le Niger.

La lutte contre le virus en Afrique risque de se révéler extrêmement difficile au regard du manque d’organisation et de moyens des services vétérinaires sur ce continent où l’élevage constitue en outre un réel moyen de survie alimentaire.

Pour les pays de la vieille Europe, le danger de contamination des volailles sera maximal au printemps prochain, dès la mi-mars, lorsque les oiseaux migrateurs actuellement en Afrique remonteront vers le nord, en direction de la Scandinavie, pour leur période d’estive.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1213 du 11/2/2006 en page 14.