Des examens simples permettent d’évaluer les capacités reproductrices du taureau

L’examen du taureau peut être réalisé dans le cadre d’un achat, d’une vente, ou lorsque la fertilité de l’animal est mise en cause. Lors des journées de la Société française de buiaterie, qui se sont déroulées les 22 et 23 novembre derniers à Paris, notre confrère Alain Nivot, praticien à Montréjeau (Haute-Garonne), a fait le point sur les moyens d’évaluation des capacités reproductrices du taureau.

La qualité de la libido peut être estimée selon le temps nécessaire à chevaucher une femelle

Il convient en premier lieu d’estimer la libido. Elle est caractérisée par la réaction du taureau devant une vache en chaleur, qui se décompose en trois étapes : l’excitation (il flaire, râle, est nerveux, etc.), la recherche du rapport sexuel (tentative de monte) et le réflexe d’accouplement (monte et saut).

Passé la puberté, la libido dépend de la sécrétion de testostérone, elle-même sous la dépendance de la taille des testicules et d’autres régulations hormonales. Elle peut être estimée par le temps nécessaire au taureau pour chevaucher la femelle en chaleur. Cette réaction nécessite moins de cinq minutes. Cependant, une personne étrangère ou un sol glissant peut troubler la libido. Le dosage de l’hormone lutéale (LH) ou de testostérone représente une alternative, mais seulement chez le jeune. En effet, l’âge, le surpoids et certaines maladies peuvent diminuer la libido sans altérer les sécrétions hormonales.

La palpation transrectale permet de détecter des anomalies des organes internes

Il convient ensuite de procéder à l’examen du taureau. L’animal doit d’abord être observé dans son ensemble, puis lors de la marche pour détecter tout problème locomoteur (aplomb, pieds, boiterie, etc.). Une attention particulière est à porter aux yeux, « la libido du taureau étant stimulée par la vue en même temps que par le fait de flairer », selon Alain Nivot. La taille, la souplesse et l’absence de lésions sont à contrôler au niveau du fourreau et du prépuce. Dans la mesure du possible, le pénis doit être manipulé et extériorisé pour vérifier l’absence de problèmes de freins. Une pression sur l’anse sigmoïde peut faciliter l’éversion. Il convient de vérifier également la symétrie des testicules par palpation en contrôlant l’absence de douleur et d’adhérences et de mesurer la circonférence du scrotum avec un mètre à ruban à l’endroit le plus large. « Cette mesure est directement en rapport avec la fertilité du taureau », indique notre confrère (^{voir tableau}).

La palpation transrectale permet aussi de détecter certaines anomalies des organes internes. La vérification doit procéder d’arrière en avant : les glandes bulbo-urétrales, situées de chaque côté de l’urètre pelvien, puis la prostate, juste en arrière des vésicules séminales (de 3 à 4 cm de large sur 1 cm de long avec une consistance élastique et ferme et une surface lisse) et enfin les vésicules séminales, qui forment un “V” ouvert vers l’avant (leur taille augmente avec l’âge et varie de 10 à 15 cm de long pour 2 à 3 cm d’épaisseur).

Deux contrôles doivent être effectués avant de déclarer un taureau inapte

En dernier lieu, un examen de la semence doit être pratiqué. La collecte par massage des glandes annexes par voie transrectale est peu efficace, mais permet une bonne préparation de l’animal en vue d’une électroéjaculation. Cette seconde méthode, beaucoup plus efficace, consiste à introduire dans le rectum du taureau une sonde munie de trois électrodes délivrant des impulsions électriques croissantes. En moyenne, l’éjaculation survient autour de la dix-septième impulsion. Cependant, la meilleure méthode reste la collecte sur mannequin ou vache en chaleur avec un vagin artificiel. Elle est difficile à réaliser en exploitation, mais permet d’obtenir un prélèvement moins contaminé grâce à une meilleure extériorisation du pénis.

L’aspect du sperme varie de crémeux à aqueux. Il « donne immédiatement une idée de la concentration en spermatozoïdes », explique notre confrère. Au microscope, il faut apprécier la mobilité massale (tourbillons, oscillations), la motilité individuelle (nombre d’immobiles/ mobiles), la qualité du déplacement, la concentration (soit au photomètre, soit avec une cellule hématimétrique) et la présence de spermatozoïdes anormaux. La fabrication de la semence étant longue, un contrôle deux à trois mois plus tard sera effectué avant de déclarer un taureau définitivement inapte.

L’ensemble de ces examens simples permet au praticien de vérifier l’aptitude d’un taureau à la reproduction. Elle est indispensable pour assurer la rentabilité de l’élevage à court et long termes avec la fertilité des filles (caractère très héritable). Une fiche d’appréciation finale, commune à tous les vétérinaires, devrait être utilisée prochainement pour laisser un compte rendu précis à l’éleveur demandeur.

• Voir aussi : A. Gosey : « Breeding soudness examination of beef bulls, breeding and reproduction », 1983, university of Nebraska Lincoln Nebguide, electronic version, 1996.