La psychose “grippe aviaire” gagne les possesseurs de chat

L’information n’est pas passée inaperçue. Abondamment commentée par les médias grand public, elle a frappé les esprits, notamment des propriétaires de chat. Ainsi, leur animal serait susceptible de contracter la grippe aviaire au contact d’oiseaux contaminés. La preuve, l’un de leurs congénères a été retrouvé mort à la fin du mois de février sur l’île de Rügen (Allemagne), où sont décédés de nombreux oiseaux sauvages porteurs du virus H5NI hautement pathogène.

Le 7 mars dernier, le ministère allemand de l’Agriculture a annoncé la découverte de deux autres cadavres de félins domestiques porteurs du virus dans cette zone. Dans ce pays, ces nouvelles sont lourdes de conséquences pour les chats. La psychose liée à la grippe aviaire s’est emparée des propriétaires de ces animaux qui, par centaines, les abandonnent ou envisagent l’euthanasie. Leur crainte est d’être contaminé par leur compagnon infecté, sans se préoccuper de savoir si cela est réaliste.

Or l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) est formelle : « Dans les zones exemptes d’oiseaux infectés par le virus, le risque d’infection du chat est nul » (voir encadré). En outre, « dans les régions du monde où l’épizootie aviaire persistante se traduit par une forte circulation du virus au sein de l’avifaune domestique, l’analyse de la situation d’un point de vue épidémiologique n’a pas permis de mettre en évidence une circulation du virus H5N1 hautement pathogène (HP) dans l’espèce féline. Au total, bien que (…) le chat puisse être infecté naturellement par le H5N1 HP, le rôle de cette espèce dans le développement et le maintien de l’épizootie actuelle est probablement extrêmement limité ».

La Société protectrice des animaux (SPA) lance un appel à la sérénité

« Il ne faut absolument pas céder à la panique », s’écrie la SPA depuis le 1^er mars dernier, à la suite de la médiatisation de ces cas isolés. Il convient de « rassurer les propriétaires de chat », demande-t-elle par l’intermédiaire des médias. Elle en appelle également « à la sérénité des autorités et du public afin que la psychose de la grippe aviaire n’engendre pas une éradication des chats errants notamment ». Notre confrère Serge Belais, président de l’association, a d’ailleurs adressé un courrier en ce sens au ministre de l’Agriculture et de la Pêche, Dominique Bussereau, et à celui de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy : « Nous craignons que, suite à ces cas spécifiques, de nombreuses autorités décentralisées prennent des mesures ordonnant de piéger et d’euthanasier les chats errants. La SPA pense que ces méthodes seraient disproportionnées et inutiles face au risque que peuvent représenter ces animaux. »

Parallèlement, les praticiens sont sollicités par une clientèle avide d’informations. « Faut-il vacciner mon chat ? », « puis-je l’emmener ce week-end à la campagne ? », « est-il nécessaire de l’éloigner des enfants ? » sont autant de questions générées par l’angoisse de ces maîtres qui, jusque-là, n’avaient pas imaginé de lien entre leur compagnon et la grippe aviaire. Les confrères s’organisent au mieux pour apaiser leurs craintes et gérer l’ensemble des demandes (voir forum en page 11). « Pour les aider à répondre à leurs clients, nous avons mis en ligne un document⁽¹⁾ qui synthétise l’implication de l’influenza aviaire sur la santé humaine et celle des animaux de compagnie, indique Véronique Bianchetti, vice-présidente du Conseil supérieur de l’Ordre. Par sa clarté, il permettra à chacun de trouver les termes appropriés. »

Une certitude, il n’y a pas lieu de s’affoler. « Jusqu’à présent, aucun cas humain n’a été lié à un contact avec un chat malade et aucune flambée de grippe n’a été signalée chez les chats domestiques », indique l’Organisation mondiale de la santé, pourtant prompte à s’inquiéter. Ainsi, comme le recommande le quotidien Ouest France dans son édition du 2 mars dernier, « ne prenez pas votre chat en grippe ».

• (1) Ce document, élaboré par le Syndicat des fabricants d’aliments préparés pour chats, chiens, oiseaux et autres animaux familiers (Facco), peut être téléchargé à l’adresse : www.veterinaire.fr/documents-v2/onv_documentsAD.htm

• (2) Avis consultable à l’adresse : www.afssa.fr/Object.asp?IdObj=32046