Je n’ai jamais entendu un seul vétérinaire libéral réclamer un corps d’auxiliaires ruraux

Je travaille dans la France profonde, en cabinet rural depuis près de vingt ans, et je suis très surpris de voir publier⁽¹⁾ des pensées fumeuses sur la création d’une nouvelle profession.

Je n’ai jamais entendu, dans aucune réunion, un seul vétérinaire libéral réclamer la création d’un corps d’auxiliaires ruraux.

Quelle est la représentativité du conseil général vétérinaire ? Qui a demandé au conseil de rapporter sur l’acte vétérinaire ?

Jusqu’à preuve du contraire, l’acte vétérinaire est réalisé par des vétérinaires, majoritairement libéraux. Or ceux-ci attendent des propositions plus en accord avec la réalité.

Soit il s’agit d’un rapport de plus, non motivé et donc sans suite ; soit il s’agit d’un ballon d’essai lancé par quelque lobby pour voir si un jour on pourrait se passer des praticiens libéraux.

Cette goutte d’eau va faire déborder le vase des actions affaiblissant la profession.

Après avoir supprimé les classes préparatoires vétérinaires (remplacées par des prépas communes “agro-véto”, Ndlr), raccourci les études (elles sont passées de cinq à quatre ans dans les ENV, Ndlr), laissé pendant des années l’illégalité s’installer dans l’exercice de la pharmacie, formé les éleveurs par le biais des formations éleveurs-infirmiers à poser des diagnostics, on va maintenant former des auxiliaires à pratiquer la chirurgie et l’insémination artificielle. Nous aurons ensuite beaucoup de temps pour consacrer des jours à devenir “radio-compétents”, mais nous n’en aurons plus les moyens !

L’Etat ne peut pas laisser cette déréglementation se développer et demander, dans le même temps, d’assurer un maillage territorial : il va falloir choisir !

Je trouve les réponses de nos représentants un peu trop politiquement correctes.

La base vétérinaire va-t-elle continuer longtemps à se laisser imposer des décisions bureaucratiques ou, en des termes plus crus, va-t-on continuer à se laisser ch… dans les bottes ?

• (1) La Semaine Vétérinaire n° 1210 du 21/1/2006 en pages 28 à 31.