La lutte contre la maladie concerne aussi le partage des bases de données

Les pays riches ont (plus que) tardé à (promettre de) s’investir financièrement pour aider les pays pauvres touchés à lutter contre la grippe aviaire. Malheureusement, cet “égoïsme” se vérifie même dans le secteur de la recherche sur les fameuses souches virales de l’influenza aviaire, isolées depuis le début de l’épizootie, en Asie puis en Afrique. Ilaria Capua, de l’Istituto Zooprofilattico Sperimentale, secrétaire permanente du réseau scientifique mondial OIE/FAO pour l’influenza aviaire (OFFLU), trouve « anormal que seul un petit réseau de laboratoires, partenaires de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ait un accès préférentiel ou réservé aux données relatives à la grippe aviaire. Car ils deviennent de ce fait les plus à même de dépister les éventuelles mutations du H5N1 ». Le 16 février dernier, cette spécialiste italienne de l’influenza a lancé un appel à cinquante de ses collègues à travers le monde pour qu’ils rendent publiques toutes les séquences génétiques pour chaque nouvel échantillon du virus H5N1 dès leur décodage, « car les différences entre deux virus, aussi minimes soient-elles, pourraient être révélatrices de la façon dont il change et évolue », explique l’Agence Science Presse dans un communiqué du 6 mars. Ilaria Capua a elle-même enrichi la banque de données publique GenBank avec les séquences de deux H5N1 recueillis au Nigeria et en Italie.

Si les intentions de la scientifique sont louables, elles se heurtent à deux obstacles. Ainsi, selon la revue Science, l’obtention de certains financements est parfois plus difficile lorsque les données sont rendues publiques immédiatement et gratuitement. Par ailleurs, toujours d’après la revue, certains pays encouragent le secret, car ils craignent que la divulgation nuise aux chercheurs qui voudraient réclamer des droits de propriété intellectuelle sur une découverte issue de ces données génétiques.

L’OMS a proposé à Ilaria Capua de rejoindre un club privé de quinze laboratoires qui partagent leurs données génétiques sur la grippe aviaire. Elle a refusé, expliquant que « la plupart [des chercheurs] sont payés pour protéger la santé humaine et animale. Si la publication d’un article devient plus importante, cela signifie que les priorités ne sont pas les bonnes ».

• Source : Agence Science Presse.