Chikungunya. Le moustique vecteur est présent dans les Alpes-Maritimes
Actualité
Auteur(s) : Valérie Zanini
La prévention des affections émergentes et réémergentes n’est efficace que si elle est instaurée chez l’animal.
Un budget de 1,2 million d’euros sera consacré à la mise en œuvre d’un plan national visant à empêcher la dissémination du moustique vecteur du chikungunya, Aedes albopictus, sur le territoire national, notamment dans les Alpes-Maritimes. C’est du moins ce qu’a annoncé le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, le 17 mars dernier, en expliquant que ce plan répondait « au principe de précaution et d’anticipation ». En effet, cet insecte a été repéré dans plusieurs communes du sud-est de la France. Pour le moment, le virus responsable de la maladie n’est pas mis en évidence. A quelques milliers de kilomètres, sur l’île de La Réunion, il sévit toujours.
« La gestion du chikungunya a été trop tardive pour être efficace », estime notre confrère Charles Pilet, membre de l’Académie des sciences et président honoraire de l’Académie de médecine. « Lorsqu’une maladie émergente ou réémergente d’origine animale se développe, c’est parce que ni le vecteur, ni la source infectieuse n’est maîtrisé », explique-t-il. A l’heure actuelle, l’origine du virus du chikungunya est mal connue et donc mal gérée. Les primates constitueraient des réservoirs de la maladie, mais ils ne font pas partie de la faune de La Réunion. L’implication des rongeurs est également suggérée. « Tant que ce point n’est pas précisé, il est illusoire d’espérer se débarrasser totalement de cette maladie. Les actions menées visent à lutter contre le moustique, ce qui est essentiel, mais non suffisant. En outre, la désinsectisation doit s’accompagner d’une information du public », indique-t-il. En effet, la population peut agir efficacement en détruisant les zones où l’insecte se niche. Ainsi, le pourtour des habitations doit être débarrassé des gîtes larvaires potentiels (zone d’eau stagnante, arbres morts, pneus usés, bouteilles semi-vides, etc.).
Dans l’île de La Réunion, les premiers cas de chikungunya ont été observés au mois de mars 2005 chez des voyageurs de retour de l’archipel des Comores. Depuis, plus de 210 000 personnes ont été infectées et le virus s’est également développé dans les îles de l’Océan indien (île Maurice, Madagascar, Les Seychelles, etc.).
« Les moyens de transport actuels et leur fréquence permettent aux agents infectieux de se diffuser aisément à l’échelle mondiale. Le moustique vecteur est déjà présent dans le sud de la France. Il convient d’y instaurer une veille sanitaire afin de mettre en évidence le plus précocement possible la présence du virus. » Notre confrère rappelle en effet que la prévention des maladies émergentes et réémergentes n’est efficace que si elle est instaurée au niveau de l’animal. « Dès que les premiers cas humains sont observés, il est souvent déjà trop tard », précise-t-il. Fait paradoxal, les zoonoses sont relativement peu étudiées. Elles auraient même quasiment disparu du programme des étudiants de médecine. Or nombre d’entre elles sévissent toujours ou réapparaissent après des épisodes de rémission. Ainsi, le premier cas de chikungunya date de 1952 et celui de grippe aviaire (H5N1) remonte à 1959.
L’autre point clé dans la gestion des affections d’origine animale concerne la présence de services vétérinaires opérationnels. « Ces maladies sont d’autant plus redoutables qu’elles surgissent dans des pays qui ne peuvent instaurer une prophylaxie sanitaire efficace vis-à-vis de la source et du vecteur animal. Dans ce cas, il convient de les aider afin d’éviter de voir flamber le phénomène infectieux », indique Charles Pilet. Et d’ajouter : « Ces quelques principes sont fondamentaux dans le contrôle de ces maladies. Leur respect permet de juguler efficacement toute extension du phénomène, à l’image de ce qui a été fait pour la grippe (H5N1) à Hong-Kong en 1997 et pour le syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) en 2003. En revanche, vouloir les ignorer est prendre le risque d’une généralisation de ces affections, qu’il convient désormais d’envisager à l’échelle mondiale, au-delà de toute frontière. »
• Genre Aedes notamment albopictus.
• Gîtes larvaires dans l’eau stagnante.
• Activité diurne avec des pics en début et en fin de journée.
• Prévention des piqûres : port de vêtements longs et protection des pieds et des chevilles, imprégnation des vêtements par des insecticides (pyréthrinoïdes) ou des répulsifs. L’emploi de ces derniers est contre-indiqué chez les nouveau-nés et les nourrissons de moins de trois mois. Il convient d’utiliser des moustiquaires imprégnées d’insecticides pyréthrinoïdes (perméthrine, deltaméthrine).
V. Z.• Incubation de quatre à sept jours après la piqûre de moustique.
• Attaque soudaine marquée par une fièvre aiguë.
• Douleurs musculaires et articulaires (poignets, chevilles et phalanges). D’autres symptômes sont décrits : œdèmes, céphalées, éruptions maculopapulaires, hémorragies bénignes (gingivorragies) surtout chez les enfants.
• Après deux à cinq jours, l’évolution est généralement favorable.
• Existence de cas chroniques caractérisés par des arthralgies persistantes et incapacitantes.
• Les formes sévères (neurologiques, hépatiques) nécessitent une hospitalisation en réanimation.
• Présentée comme non mortelle, la maladie est désormais associée à des décès, notamment chez des sujets vulnérables (nouveau-nés, personnes âgées ou immuno déprimées).
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