L’écart des revenus se creuse entre les 650 000 professionnels libéraux

Nos actes ne sont pas facturés à leur juste valeur », « l’Etat nous rémunère au lance-pierres », « notre appauvrissement est masqué, mais réel ». Les vétérinaires expriment régulièrement leurs inquiétudes sur l’évolution de leurs revenus dans les colonnes de La Semaine Vétérinaire. Mais ils ignorent qu’ils partagent ce sentiment avec 650 000 professionnels libéraux qui ont le même statut qu’eux, avec ses contraintes et ses désillusions. « Le malaise des indépendants » est général, selon l’hebdomadaire économique Challenges⁽¹⁾ qui s’est intéressé à leur “mal-être”. « Ils ont le blues. L’âge d’or leur semble loin. Des jeunes de plus en plus rétifs à s’installer, un papy boom qui va s’intensifiant, des régions entières guettées par la désertification, une Europe élargie menaçante pour des secteurs jusque-là protégés de la concurrence, des prélèvements en augmentation… Bref, de plus en plus de raisons d’angoisser », estime la journaliste.

Les libéraux ne sont plus respectés et travaillent toujours davantage

Les vétérinaires l’ont constaté, la clientèle a changé. Les propriétaires exigent désormais le “zéro défaut” pour les soins apportés à leur animal. Selon Challenges, cette tendance affecte également l’ensemble des professions libérales. Elle les pénalise même, de par la pression qu’elle génère. « Autrefois notables et intouchables, les libéraux ont le sentiment de ne plus être respectés. Les clients et patients n’hésitent plus à porter plainte. » Selon l’auteur de l’article, cette situation est source de déprime. Au final, les indépendants sont réduits au rang de fournisseurs. Pour préserver leur chiffre d’affaires, ils sont contraints de respecter un cahier des charges et, parfois, d’aligner leurs tarifs sur la concurrence. « Dans ces conditions, sont-ils toujours aussi libres ? », s’interroge la journaliste. Non, lui répondent les professionnels de santé (médecins, pharmaciens, dentistes, etc.) qui doivent composer avec la Sécurité sociale et les réformes successives. « Le système de santé est un véritable carcan qui ne rémunère pas le médecin de famille à sa juste valeur et le pousse à multiplier les actes pour s’en sortir financièrement », témoigne ainsi un médecin généraliste.

• (1) Challenges, n° 28, du 23 au 29/3/2006, pp. 50 à 64.