Les jeunes vétérinaires diplômés sont devenus trop exigeants, alors qu’ils ne sont pas opérationnels

La formation d’un étudiant juste sorti de l’école est coûteuse pour l’employeur. Cela prend du temps (il faut montrer, expliquer, laisser faire, corriger, relaisser faire, recorriger, puis souvent finir seul…), de l’investissement personnel et représente des risques accrus pour les clients, qui apprécient rarement de voir des débutants utiliser leurs animaux comme “cobayes” ! Ils ont fait appel à un vétérinaire confirmé et sont suspicieux vis-à-vis des novices (c’est plutôt normal, le nombre d’erreurs est forcément plus élevé). Si les choses tournent mal, ce sera évidemment, de leur point de vue, à cause du débutant. Ils sont alors plus enclins à refuser le paiement et à vouloir attaquer la clinique, entraînant une perte pour l’employeur, des soins et du temps passé, voire carrément de la clientèle ! Tout cela sans pouvoir déterminer avant plusieurs mois (en général deux à six) si ce jeune conviendra ou non… Je parle en connaissance de cause, puisque j’exerce seule dans une petite clientèle mixte. N’ayant pas eu, les dix premières années, les moyens d’engager des vétérinaires confirmés (très exigeants sur le salaire et les loisirs…), j’ai souvent eu recours à des débutants. J’assure leur formation en permanence pendant un à trois mois, puis ils commencent à faire quelques visites en solo après deux à trois mois, pour des cas déjà vus plusieurs fois. Mais ils ne sont vraiment efficaces qu’après cinq à huit mois, avec des exceptions… J’ai parfois frôlé la catastrophe, avec des aides incapables d’effectuer autre chose que des vaccins sans faire des maladresses et des fautes ! Je suis pour la formation des jeunes, je l’ai toujours fait, j’accepte les stagiaires et les jeunes vétérinaires… mais les “justes sortis” sont devenus trop exigeants, réclamant 2 000 € nets de salaire dès le début, plus de multiples avantages, alors qu’ils ne sont pas opérationnels et qu’ils ne veulent faire aucun jour de garde.