Les urgences ophtalmologiques sont souvent secondaires à des affections générales

Parmi les particularités anatomiques des oiseaux figurent des paupières fines, parfois transparentes, une membrane nictitante bien développée et mobile activement (tirée à partir de l’angle dorso-nasal sur la cornée), un globe oculaire volumineux et une rétine sans tapis (unique).

Chez ces animaux, les urgences ophtalmologiques sont souvent secondaires à des affections générales qui peuvent alors en assombrir le pronostic vital. Les maladies les plus courantes sont virales, bactériennes, mycosiques, parasitaires ou liées à des protozoaires, mais aussi d’origine nutritionnelle, tumorale et traumatique.

Les poxvirus sont une cause fréquente d’affection oculaire chez les oiseaux de compagnie. Les signes ophtalmologiques précoces (de dix à quatorze jours après l’infection) sont alors un épiphora, une blépharite et un ulcère cornéen. Des croûtes se forment au bout de dix à dix-huit jours et peuvent oblitérer les paupières. Des surinfections bactériennes et fongiques sont fréquentes. Le diagnostic est confirmé par l’histopathologie. Le traitement, local et systémique, vise à limiter les surinfections.

Parmi les agents bactériens à l’origine de conjonctivites, de kératites, de blépharites, d’uvéites et d’inflammations péri-oculaires, il convient, entre autres, de penser à rechercher des staphylocoques, des chlamydias et des mycoplasmes. Pour cela, il est nécessaire de procéder à un écouvillonnage en vue d’un examen bactériologique et mycosique. Parmi les protozoaires, Toxoplasma gondii a été identifié dans les tissus oculaires de canaris. Cnemidocoptes pilae induit des lésions hyperplasiques autour des yeux, du bec et des pattes. Cet acarien est sensible à l’ivermectine.

L’hypervitaminose A provoque gonflement des paupières et canaux lacrymaux bouchés

L’hypervitaminose A est fréquente chez les oiseaux nourris avec des graines. Elle provoque un gonflement des paupières et une occlusion des canaux lacrymaux. Pour sa part, l’hypovitaminose A est responsable d’une conjonctivite et d’une sinusite.

Des tumeurs sont aussi à l’origine de troubles oculaires ou péri-oculaires. Le lipogranulome des paupières chez les perruches, l’adénome pituitaire chez une callopsite (mydriase et cécité) et une perruche amazone en sont des exemples. Parmi les autres troubles oculaires figurent les traumatismes, fréquents chez des oiseaux détenus en cage en période de reproduction ou lors de surpopulation. Ceux qui affectent les paupières doivent être particulièrement examinés (attention à l’enfoncement des os scléraux). Une lésion de la nictitante, en raison de son rôle majeur dans la répartition du film lacrymal, doit être réparée chirurgicalement.

Quant aux ulcères cornéens, ils sont traités de la même façon que ceux des carnivores domestiques. Toutefois, certaines précautions ou règles chirurgicales sont à respecter chez les oiseaux. Ainsi, une manipulation discontinue de l’œil permet de limiter le réflexe oculocardiaque. Par ailleurs, lors d’énucléation, il convient de ne pas tirer sur l’œil pour éviter des dommages de l’encéphale (nerf optique court). En outre, la tarsorraphie est impossible et la blépharorraphie est mal supportée.