Thierry Jourdan, cofondateur de l’association Vétos-Entraide
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Auteur(s) : M. N.
Thierry Jourdan : Il est difficile d’estimer précisément le nombre de confrères qui exercent totalement seuls. De 12 à 14 % des praticiens pourraient être dans cette situation.
L’exercice en solo pose de nombreuses difficultés, en premier lieu en termes de continuité de soins (gardes, astreintes, aussi bien aux heures des repas que les soirs et les week-ends). En outre, travailler avec une autre personne, vétérinaire ou non, offre un soutien, sur un plan tant technique (cela évite d’avoir à décrocher le téléphone lors d’une intervention !) que moral (le support social et les possibilités d’échange et de discussion sont essentiels).
A titre personnel, lorsque mon assistante est absente, j’ai pour habitude de répondre au téléphone. Cette activité est chronophage, car la durée des conversations est accrue. En outre, cela télescope parfois une vente au comptoir ou une consultation en cours. La charge mentale exigée par le travail est augmentée dans ces cas de figure.
Inversement, il peut y avoir de longs moments sans clients. Il faut alors savoir en profiter pour effectuer toutes les tâches administratives, comptables, se former, ou s’investir dans des activités associatives.
T. J. : Certains confrères sont tentés de s’installer seuls, car ils pensent ne pas avoir de marge de liberté dans une association. Il se peut aussi qu’ils aient eu une mauvaise expérience avec leurs anciens employeurs. D’autres s’installent avec l’image de la réalité économique d’il y a dix à quinze ans, quand la création apparaissait plus rentable qu’un rachat de clientèle. Mais aujourd’hui, beaucoup de jeunes confrères qui s’installent seuls se retrouvent pendant plusieurs mois avec un nombre réduit de visites journalières et la situation sur le terrain peut vite aboutir à un non-sens économique (faibles revenus et difficultés pour investir dans du matériel onéreux) et social (stress, isolement, risque de burn out). Il est indispensable d’acquérir et de développer l’esprit d’équipe, aussi bien dans les écoles que sur le terrain.
L’avenir appartient à des structures permettant des économies d’échelle et de la souplesse pour que chacun puisse se former, rester dans les normes réglementaires et investir dans un plateau technique raisonnable. L’actuel problème est de rendre possible la concentration des structures, démarche particulièrement compliquée.
T. J. : Elles sont aussi bien d’ordre économique, réglementaire que social. Le praticien doit faire face à la pression des propriétaires et au flux tendu de la clientèle (urgences, etc.). Le temps consacré au travail devient un temps “subi”. Or le constat déjà effectué dans d’autres professions montre que les emplois dans les domaines où le temps est subi sont souvent délaissés (cas des gynécologues, des urgentistes, des anesthésistes-réanimateurs, etc.).
Des problèmes pratiques surgissent également. Ainsi, le confrère doit être présent même lorsqu’il est malade, car il est souvent difficile de se faire remplacer au pied levé. Avant, le remplacement ponctuel d’un praticien faisait partie de l’expérience à acquérir. Aujourd’hui, les assistants veulent s’engager pour des remplacements d’au moins une semaine. Certains impondérables peuvent donc conduire à la fermeture de la clinique.
En outre, diverses obligations se révèlent difficiles à gérer, comme la formation continue ou la radio compétence. Pour des confrères qui ont déjà du mal à prendre une à deux semaines de vacances dans l’année, cela peut devenir un véritable sacrifice, d’un point de vue temporel et financier. Consacrer ce temps libre à l’acquisition d’une compétence réglementaire peut être légitimement mal vécu.
L’espoir réside dans la régression du matérialisme au profit de relations apaisées et équilibrées avec nos clients. Dans ce cas de figure, ces derniers tiendraient autant compte de la technicité que des qualités humaines du praticien, et la médecine vétérinaire de proximité resterait plus indispensable que jamais.
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