Matériel de chirurgie
Gestion
S’ÉQUIPER
Auteur(s) : Raphaële Dupré
Unique ou réutilisable, tissé ou non tissé : le choix d’un champ opératoire répond à de multiples critères qui allient notamment efficacité, confort et adaptation au type d’intervention chirurgicale.
Lors d’interventions chirurgicales, l’utilisation unique est de plus en plus fréquemment la règle pour l’ensemble du petit matériel, à l’image des seringues, des gants, des aiguilles, des tubulures, des pansements, etc. Cette pratique quasi systématique permet de limiter la circulation des germes et d’améliorer les conditions d’hygiène. Toutefois, certaines pièces peuvent être employées à plusieurs reprises. C’est le cas des champs opératoires même si, de plus en plus, les vétérinaires optent, là aussi, pour l’usage unique.
Un champ opératoire est un textile qui couvre l’animal (ou un équipement) pour prévenir la transmission d’agents infectieux. Il permet de fournir une zone de travail microbiologiquement propre autour de la plaie. S’il l’entoure étroitement et est fixé sur la peau, il prévient également le transfert de la flore de la peau de l’animal vers la plaie. Sans oublier que les champs opératoires permettent de contrôler la propagation des liquides biologiques potentiellement contaminés provenant de la zone de la plaie.
Le choix d’un champ opératoire, et surtout de sa composition, obéit à plusieurs critères dont le coût et l’utilisation selon les types d’actes chirurgicaux. Il doit également prendre en compte la durée de l’intervention. Car le linge, contaminé par l’animal, le praticien et/ou l’environnement, est l’un des vecteurs principaux de transmission des germes lors d’une opération. Certains germes parviennent à survivre pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours dans un linge souillé.
La facilité d’utilisation et de pose du champ, pour un confort optimal, est un critère à ne pas négliger avant d’arrêter son choix. Toutefois, il convient de bien garder à l’esprit que l’objectif principal des champs reste de protéger d’une invasion microbienne. C’est pourquoi ils doivent absolument offrir une barrière bactérienne efficace, une imperméabilité (car l’humidité favorise la migration des germes) et une durée de vie adaptée à leur emploi (en particulier une résistance à l’usure, à la déchirure, à l’effilochage, etc.).
Dans une grande partie des cliniques vétérinaires, les praticiens choisissent pour leurs actes courants des champs tissés. Ces derniers peuvent être employés et stérilisés plusieurs fois. Ils se présentent sous différentes formes et sont vendus à l’unité, percés ou non, ou en rouleau qui se découpe.
La grande majorité de ces champs sont en coton. Le grammage du tissu est un élément important à prendre en compte. C’est en effet lui qui confère légèreté et confort au champ. Il conditionne la facilité de drapage de l’animal. Plus il est faible, plus le champ est souple et léger.
Le coût de ces champs reste modéré au regard de leur durée de vie, relativement importante.
Toutefois, ces textiles n’apprécient pas un milieu trop basique et il est recommandé de les laver avec des lessives non ioniques ayant un pH inférieur à 9, à une température de moins de 65 °C.
Les stérilisations successives, si elles sont trop poussées, diminuent leur durée de vie (notamment la stérilisation à l’autoclave). Par ailleurs, ces champs, à l’origine enduits le plus souvent d’une résine imperméabilisante, deviennent peu à peu totalement perméables aux liquides, et donc aux germes. Leur utilisation est tout à fait adaptée aux interventions courantes, de faible durée, à condition de les entretenir et, surtout, de les changer régulièrement, car leur usure porte préjudice à leur efficacité. Leur usage, en particulier pour les champs 100 % coton, est toutefois totalement proscrit en chirurgie humaine en raison de leur grande perméabilité aux liquides biologiques. Les recommandations dans ce domaine précisent qu’ils n’offrent pas de barrières bactériennes.
Lors d’actes chirurgicaux plus longs ou qui présentent de forts risques septiques, il est possible d’utiliser des champs non tissés, le plus souvent à usage unique.
Ces champs sont composés de feuilles manufacturées, constituées de voile ou de nappe de fibres orientées directionnellement ou au hasard, liées par friction, cohésion ou adhésion. Il peut s’agir de fibres naturelles ou chimiques (issues du bois, viscose, polyamide, polyester, etc.) ou de mélanges. Ces “voiles” peuvent également recevoir des traitements ou être associés à d’autres couches selon les qualités recherchées : hydrophilie ou hydrophobie, imperméabilité ou perméabilité, traitements antibactériens complémentaires. Ces champs sont façonnés et conditionnés pour tenir compte des exigences liées aux différents types d’interventions chirurgicales.
La stérilisation s’effectue sur le produit conditionné (non tissé et emballage).
Les champs non tissés sont légers, doux, souples, et sont adaptés à une utilisation prolongée. Ils se mettent en place facilement et certains disposent de bandes adhésives qui permettent de les fixer.
C’est le cas du champ à inciser Steri-Drape® adhésif 3M, vendu en centrale. Ce champ en polyéthylène est transparent et auto-adhésif, imperméable aux bactéries, mais perméable à la vapeur d’eau.
Le champ Klini-Drape®, quant à lui, est composé de deux couches : une absorbante de grammage faible (30 g/m2) et une de polyéthylène imperméable.
Le champ non tissé Buster®, en polyéthylène, est totalement imperméable et peut être collé grâce à un spray adhésif fixant tous les champs en polyéthylène.
Les champs non tissés, à usage unique, offrent un grand confort d’utilisation et suppriment les dangers de la contamination bactérienne liée à la réutilisation. Par ailleurs, ils sont totalement imperméables. Toutefois, leur coût est beaucoup plus élevé que celui des champs tissés réutilisables. Leur emploi lors d’intervention courante est donc moins évidente.
Les non-tissés trouvent cependant toute leur application en chirurgie spécialisée ou longue, notamment en chirurgie osseuse. Dans ces domaines, leur efficacité et leur confort sont nettement mieux adaptés que ceux des champs tissés. Comme en chirurgie humaine, les champs réutilisables ne devraient, en théorie, plus être utilisés pour ce type d’intervention.
Des trousses de champs adaptés à une intervention particulière en nombre, dimension et forme sont disponibles dans le cadre de la chirurgie spécialisée. C’est le cas de la trousse « arthroscopie : deux articulations » en pratique équine, ou des trousses « laparotomie » et « orthopédie ».
La trousse « orthopédie » est composée d’un champ non tissé de 150 x 200 cm avec une fente adhésive de 100 cm et une ouverture d’un diamètre de 4 cm, plus un champ de table de 140 x 160 cm en polyéthylène avec des renforts en non-tissé absorbant. Des trousses de base de quatre champs sont également disponibles pour les petits animaux. Elles contiennent des champs de 75 x 90 cm non tissés avec des bords adhésifs de 90 cm, plus un autre de table en non-tissé absorbant.
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