Automédication animale
Formation continue
FAUNE SAUVAGE
Auteur(s) : Alain Zecchini
Ils mettent à profit les propriétés préventives et curatives des sols, des plantes et des insectes.
Les animaux utilisent instinctivement des plantes, non seulement pour se nourrir, mais aussi pour se soigner. La zoopharmacognosie, discipline qui a réellement débuté depuis les années 1980, se fonde sur l’observation du comportement animal pour identifier les actions qui peuvent correspondre à de l’automédication. Elle s’attache surtout aux animaux dans la nature.
De nombreux mammifères, mais également des oiseaux, des reptiles et des insectes sont géophages. En effet, ils ingurgitent de la terre, en particulier de l’argile. Celle-ci a pour vertu de neutraliser les bactéries intestinales et leurs toxines et de soulager des maux d’estomac et de la diarrhée. Les plantes contiennent plusieurs composés secondaires, qui sont des moyens de défense contre les parasites et les prédateurs herbivores. L’animal doit donc éliminer l’action nocive de ces composés et l’argile le permet. Ce serait son rôle principal, tout en offrant un complément en sels minéraux.
La fréquentation des salines permettrait également d’éliminer certaines toxines végétales et de se débarrasser plus facilement de vers, tout en apportant des sels minéraux. Les salines sont peu fréquentes, mais régulièrement visitées. Au Kenya, des générations entières de rhinocéros ont transformé en grandes excavations celles des monts Aberdare et Marsabit.
La terre sert aussi à éliminer les ectoparasites, comme les tiques. Beaucoup d’ongulés se roulent sur le sol à cet effet, ou prennent des bains de boue. L’habitude d’ingérer de la cendre ou des rameaux carbonisés est répandue chez plusieurs mammifères, qui visitent les brûlis, effectués dans le monde tropical sur la végétation pour créer des espaces cultivés. La cendre aurait la capacité d’absorber largement les phénols des plantes, qui sont toxiques.
Les insectes sont aussi utilisés pour l’automédication. Comme les plantes, ils accumulent des toxines dans leur corps pour dissuader les prédateurs ou combattre les infections et les parasites. Plus de deux cents espèces d’oiseaux chanteurs se servent des fourmis pour se débarrasser de leurs poux : elles font passer ces insectes, pris dans leur bec, le long de leurs plumes, comme pour les lisser ; ou bien elles se roulent dans les termitières. Cette dernière pratique est partagée par des écureuils, des chats et des primates. Les espèces de fourmis choisies émettent de l’acide formique, létale pour les poux. Des étourneaux tapissent leurs nids de carotte sauvage, de mille-feuille, d’aigremoine, entre autres, et réduisent ainsi largement les concentrations d’acariens. Les plantes utilisées contiennent des lactones, nuisibles aux bactéries, aux acariens et aux poux.
Les premières observations scientifiques d’automédication des grands singes datent des années 1980, en Tanzanie. Elles ont mis en scène une femelle chimpanzé souffrant de diarrhée. Elle a écorcé des branches de Vernonia amygdalana. Elle s’est ensuite mise à mâchouiller et à avaler le cœur. Vingt-quatre heures plus tard, ses symptômes avaient disparu. L’analyse de ses fèces a mis en évidence l’infestation par des œufs d’Oesophagostomum stephanostomum. Cette plante contient des glucosides stéroïdes et des lactones. Elle est connue des populations africaines pour combattre la malaria, la schistosomiase, la leishmaniose et, d’une manière générale, les parasites intestinaux. En Tanzanie également, des chimpanzés sélectionnent soigneusement des feuilles d’Aspilia spp. Ils les plient, les tiennent dans la bouche quelques instants et les avalent. Plus tard, dans les fèces, les feuilles sont retrouvées intactes – ou presque. Car de nombreux vers restent accrochés à leurs barbes. Les feuilles “poilues” servent donc à capturer les vers dans le tractus gastro-intestinal. Au moins trente de ces espèces de plantes sont ingurgitées par des chimpanzés, des bonobos et des gorilles.
Des végétaux ont aussi un rôle “d’adjuvant reproductif”. A l’approche du part, certaines éléphantes d’Afrique consomment des arbustes entiers de la famille des Boraginaceae. La mise bas paraît ensuite plus aisée. Les feuilles de ces mêmes arbustes sont utilisées en décoction par les femmes au Kenya pour faciliter l’accouchement. Pour leur part, les rhinocéros africains sont friands de certaines euphorbes, des plantes hérissées d’épines, mais contenant du latex. Parmi leurs composants figurent des stéroïdes en grande quantité. La consommation active d’euphorbes permettrait à ces animaux d’accroître leurs concentrations hormonales. A Etosha (Namibie), les populations de rhinocéros noirs dont l’habitat est riche en euphorbes sont bien plus fécondes que les autres…
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