Enseignement vétérinaire. Entretien avec le directeur de la DGER
Actualité
Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet*, Marine Neveux**
Dans un objectif d’eurocompatibilité, Jean-Louis Buër envisage également de « vétérinariser » la classe préparatoire ou d’ajouter une année de formation.
L’avenir du cursus vétérinaire français anime les discussions au sein des écoles vétérinaires et de la profession depuis quelques semaines. Outre l’adaptation vécue avec plus ou moins de difficultés par les étudiants (charge de travail, transition de deux promotions, etc.) pour l’année scolaire qui s’achève, le point d’orgue est la remise, dans les jours à venir, du dossier définitif d’évaluation de l’école de Lyon par l’Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire (AEEEV). Le rapport provisoire met en exergue le problème de l’eurocompatibilité du cursus français avec les exigences européennes(1).
Faut-il pour autant en attendre une nouvelle mouture après la période estivale ? Le “2 + 4” vétérinaire ne sera pas réformé… pour l’instant, explique Jean-Louis Buër, directeur général de l’Enseignement et de la Recherche (DGER). « Il n’est pas possible de changer un cursus brutalement », affirme-t-il.
La dernière réforme des études vétérinaires, appliquée depuis la rentrée 2005, a modifié l’organisation de l’enseignement. Il était auparavant constitué d’une année de classe préparatoire suivie de cinq ans dans une ENV. Il est aujourd’hui composé de deux années de classe préparatoire – commune aux étudiants agronomes et vétérinaires – et de quatre ans dans une école vétérinaire. « Le nouveau cursus a été mis en place dans l’intérêt des étudiants », rappelle Jean-Louis Buër. Ce nouvel agencement leur offre notamment la possibilité de s’orienter soit vers la filière vétérinaire, soit vers des filières agronomiques, un choix qu’ils n’avaient pas auparavant.
Néanmoins, aujourd’hui, le principe du “2 + 4” soulève la question de l’adéquation du cursus vétérinaire français avec les exigences européennes. « Le mode de fonctionnement français est particulier, notamment le système des classes préparatoires. Il convient d’expliquer nos particularités à Bruxelles, ce qui permettra peut-être de faire reconnaître la cohérence du système français avec la règlementation européenne », espère le directeur de l’Enseignement et de la Recherche.
Pourquoi cet écueil n’avait-il pas été pensé en amont, alors qu’une directive de 1978, émanant du Conseil des communautés européennes, établissait que « la formation de vétérinaire comprend au total au moins cinq années d’études théoriques et pratiques à temps plein, dispensées dans une université, dans un établissement d’enseignement supérieur d’un niveau reconnu comme équivalent ou sous la surveillance d’une université » ? De plus, la durée de cinq ans est aussi précisée par une autre directive de 2003, dont les dispositions sont reprises par la directive 2005/36/CE, publiée au Journal officiel de l’Union européenne le 30 septembre dernier. Selon Jean-Louis Buër, « il y a dix ans, l’espace européen de l’enseignement supérieur était moins présent dans les esprits. Le contexte a changé aujourd’hui et nous nous efforçons d’adapter la réforme à cette nouvelle donne ». Il estime également « qu’il n’y a pas lieu d’y voir une urgence, mais une priorité ; les évaluations étant volontaires et non obligatoires. De plus, le principe de libre circulation des diplômés dans l’Union européenne n’est pas remis en cause ».
Dans un rapport provisoire d’évaluation de l’école de Lyon, l’AEEEV estime que le cursus français ne respecte pas la directive européenne citée précédemment. Cette incompatibilité inquiète les enseignants et les étudiants vétérinaires, déjà déstabilisés par la récente mise en application du nouveau cursus et la surcharge de travail qu’elle implique.
Jean-Louis Buër, en poste depuis le 12 avril dernier, a repris le brûlant dossier du cursus vétérinaire. Le nouveau DGER a d’abord pris la température dans les écoles, auprès des principaux acteurs concernés. Il envisage désormais différentes pistes de travail. « Nous allons, dans un premier temps, expliquer notre mode de fonctionnement à Bruxelles. En effet, il se peut que les autorités européennes n’aient pas bien saisi les spécificités du cursus français qui comprend deux ans plus quatre ans, soit six années de formation scientifique supérieure. Si cela ne suffit pas, nous envisagerons d’autres pistes », explique-t-il. Le programme des classes préparatoires pourrait ainsi être modifié. « Pour qu’une réforme fonctionne bien, elle doit connaître des aménagements. » Des matières “vétérinaires” pourraient ainsi être ajoutées au programme de la deuxième année. « Cela permettrait de conforter notre position vis-à-vis de Bruxelles et, éventuellement, d’alléger la formation dans les écoles vétérinaires. Nous nous donnons une année pour faire cela. Un groupe de travail, constitué des enseignants des classes préparatoires et des écoles, mis en place à l’automne, réfléchira à cette éventualité. »
La troisième et dernière option envisagée par Jean-Louis Buër est aussi la plus polémique : « Si cela ne suffit pas ou si Bruxelles met du temps à donner son avis, je ne suis pas opposé à l’ajout d’une année de formation », soit un passage de “2 + 4” à “2 + 5” ! « Il s’agirait d’une année transitoire, durant laquelle l’exercice clinique serait privilégié. Cela pourrait également être l’occasion de finaliser la rédaction de la thèse, selon lui. Je suis à l’écoute, je ne ferai aucune modification sans un dialogue préalable. » Reste que l’enseignement spécialisé, toujours d’après Bruxelles, ne doit pas dépasser 20 % du cursus. « Nous souhaitons déjà régler le problème du cursus, nous verrons ensuite pour ce taux. »
Le DGER se laisse une année de réflexion. L’application de ces aménagements pourrait donc avoir lieu à la rentrée 2007. En outre, si le cursus venait à se modifier au niveau de la classe préparatoire, il pourrait concerner uniquement les promotions déjà intégrées actuellement aux écoles vétérinaires. Ces mesures seront donc peut-être transitoires, appliquées par nécessité, seulement aux promotions qui sont déjà celles de la réforme.
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