Une anesthésie est nécessaire pour limiter les lésions traumatiques de l’urètre - La Semaine Vétérinaire n° 1235 du 02/09/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1235 du 02/09/2006

Obstruction urétrale chez le chat

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Isabelle Goujon

L’épidurale permet un bloc-moteur d’installation rapide et une bonne analgésie avant les gestes techniques.

L’obstruction urétrale est une affection fréquente chez le chat, notamment chez le mâle castré. L’anurie qu’elle provoque constitue une urgence vitale qu’il importe de traiter rapidement. Une fois la réanimation initiale mise en œuvre, toutes les techniques qui aboutissent à la levée de l’obstacle urétral sont entreprises. Celui-ci est, le plus souvent, formé par un bouchon de nature muco-protéique qui se crée à l’extrémité du pénis. Dans certains cas, plus rares, il peut s’agir de calculs, d’un phénomène tumoral ou d’une sténose.

Le motif de consultation, l’anurie, ainsi que les signes cliniques, la dépression et la présence d’un globe vésical, sont souvent relativement univoques et permettent l’établissement d’un diagnostic rapide. Même s’il est toujours possible de vider la vessie “en urgence”, par cystocentèse ou grâce à un cathéter sus-pubien, il importe toutefois de rétablir la perméabilité vésicale de manière définitive.

Une anesthésie générale est la première étape de la levée de l’obstacle urétral

Malgré la dépression et les éventuels déséquilibres ioniques présents, l’anesthésie générale est nécessaire afin d’éviter toute lésion iatrogène de l’urètre. Dans un contexte d’insuffisance rénale aiguë, il importe avant tout d’épargner le rein. Les molécules anesthésiques choisies sont non néphrotoxiques, non éliminées via cet organe et n’induisent pas de vasoconstriction périphérique. Pour cette dernière raison, la médétomidine est à éviter.

En prémédication, par exemple, du diazépam (Valium®, à usage humain) est utilisé à la dose de 0,2 à 0,5 mg/kg par voie intraveineuse. Puis une anesthésie épidurale à l’aide de morphine (0,2 à 0,5 ml, sans conservateur) et de xylocaïne 2 % (0,5 ml), mélangées dans la même seringue, est réalisée. L’usage de faibles doses permet d’éviter une dépression trop marquée. Ce geste technique peut être réalisé en routine, à l’aide d’une simple aiguille bleue, sans champs ni gants stériles. L’aiguille est introduite entre L7 et S1. L’accès à l’espace épidural est direct après la traversée du ligament jaune (sensation de légère résistance). Une remontée de liquide céphalorachidien (LCR) est visible à l’extrémité de l’aiguille non montée. Si une remontée de LCR apparaît à l’extrémité de l’aiguille, il suffit de la retirer de quelques millimètres afin de quitter l’espace sous-dural pour le péridural. L’épidurale permet de mettre en place un bloc-moteur d’installation rapide, d’une durée d’une heure et demie à trois heures, et une excellente analgésie durant vingt-quatre heures. L’apparition d’une béance anale par relâchement du sphincter prouve l’efficacité de l’injection. Ce protocole est souvent suffisant pour permettre un sondage vésical dans des conditions de sécurité et de confort satisfaisantes. A ce stade, un relais gazeux avec un mélange d’oxygène et d’isoflurane est souhaitable. L’intubation aura lieu après l’injection d’une faible dose de thiopental (5 mg/kg) ou de propofol (1 mg/kg).

Le massage urétral, même s’il se révèle souvent infructueux, est la deuxième étape

L’extrémité du pénis est saisie entre le pouce et l’index et délicatement massée. L’urètre prostatique ou préprostatique est, quant à lui, accessible par palpation transrectale. Ces manœuvres, même si elles se révèlent souvent infructueuses, doivent être tentées. Une palpation-pression de la vessie peut être mise en œuvre, mais de manière délicate, car elle est susceptible de favoriser le risque de rupture vésicale ou de reflux urinaire dans les uretères, cause de néphrite infectieuse.

Enfin, un “flushage” urétral peut être réalisé à l’aide de fluide stérile tiède et non irritant (NaCl, Ringer-lactate, etc.). Une cystocentèse de décompression, effectuée préalablement, facilite ce geste et permet de relancer la diurèse. La sonde de Jackson stérile, de taille 3 ou 4 French, avec son mandrin et son système de fixation, est un outil pratique. Toutefois, la position latérale de l’orifice ne favorise pas les manœuvres d’hydropulsion. Dans ce but, les sondes lacrymales sont d’un usage aisé. L’animal est alors placé en décubitus ventral, queue relevée, genoux sur la table et extrémités des pattes dans le vide. Une tonte, un lavage et une désinfection rigoureux de la zone sont essentiels. Le pénis est étiré dorso-caudalement à l’aide d’une pince atraumatique afin que la plicature de l’urètre soit effacée. La sonde est introduite délicatement, sans forcer, et le liquide est injecté de manière à déliter le bouchon muco-protéique. Il est impératif de ne jamais réintroduire le mandrin en aveugle une fois la sonde engagée, car l’extrémité de la tige peut dévier et provoquer de graves lésions de l’urètre. Si nécessaire, un massage transrectal est effectué simultanément. La réalisation d’une pression de l’urètre en amont de l’obstacle facilite souvent la libération de la lumière urétrale. Une fois l’obstacle levé, la sonde est poussée vers l’avant et fixée. Plusieurs lavages vésicaux permettent d’éliminer les particules présentes en suspension. Un système de collecte des urines est alors mis en place pour éviter que l’animal ne se souille et que des bactéries remontent dans la vessie.

L’association d’une tranquillisation sûre, d’une analgésie efficace et de quelques gestes techniques simples permet, dans la grande majorité des cas, la levée des obstacles urétraux chez le chat. Dans ce contexte, l’usage des ultrasons est contre-indiqué, car il favorise le risque de sténose urétrale. De même, contrairement aux idées reçues, la morphine, quelle que soit la voie d’administration utilisée, ne provoque pas de dysurie, à l’opposé de ce qui est décrit en médecine humaine. Il s’agit d’autre part d’un analgésique puissant et facile d’utilisation dont il est dommage de ne pas se servir dans ce contexte particulièrement douloureux.

CONFÉRENCIER

Pierre Meheust consultant en chirurgie et neurologie en Loire-Atlantique. « Levée d’obstacle urétral chez le chat », conférence présentée au congrès national de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), Paris, novembre 2004.

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