Une machine énorme qui accouchera d’une mesurette ?

Comme d’habitude, nous allons tenter de réinventer la roue “à la française” en nous gardant bien d’inclure dans le comité d’éthique sur l’expérimentation animale⁽¹⁾ des gens ayant des vues pragmatiques ou élargies de la question. Il y a par conséquent en son sein des membres des armées ou de la fonction publique qui, pour certains, n’ont certainement jamais vu d’animaux de laboratoire.

Les Anglais comme les Hollandais, par exemple, travaillent sur ce sujet depuis des dizaines d’années et ont des règles d’éthique extrêmement précises et draconiennes, qui n’empêchent pas pour autant de travailler. Le respect de la vie animale a été imposé au Royaume-Uni par les antivivisection et a débouché sur des règles éthiques contrôlées par le Home Office et dont les Français auraient tout intérêt à s’inspirer. Je vois à l’énoncé de la composition de ce comité d’éthique que les frontières ne seront pas franchies et que les œillères habituelles seront en place : les acteurs ont été choisis avec soin pour que rien ne change. Où sont les membres d’organismes d’accréditation étrangers tels l’Institutional Animal Care and Use Committee (IACUC) ou le Home Office britannique, qui pourraient faire profiter ce comité français de leur expérience ? Si le but est de dire que la France a un comité et des règles d’éthique, alors tout va bien. Si l’objectif est de protéger et d’imposer un respect des animaux de laboratoire dans les universités et les industries, alors tout va mal. Rien ne sera fait avec un tel dispositif en place. Je lis d’ailleurs que ce comité a été créé en mars 2005… Une année est-elle réellement nécessaire pour former un comité et établir des règles d’utilisation des animaux de laboratoire ? Ou bien en sommes-nous à nommer des sous-comités et des groupes de réflexion qui seront répartis en sous-groupes de travail, chargés de nommer des experts, etc. ?

En France, des vétérinaires de l’industrie pharmaceutique sont choqués par des pratiques courantes dans l’Hexagone qui, lorsqu’elles ont été montrées publiquement, ont valu à des entreprises comme Huntington Life Sciences, en Angleterre, d’être au bord de la faillite. Depuis un an que ce comité est formé, quelle structure a été mise en place pour que ces personnes puissent s’exprimer, pour que les industries et les laboratoires d’universités soient contrôlés ? Quelles normes ont été décidées ? Je demande sincèrement à ce qu’on me démontre que j’ai tort d’être pessimiste.

• (1) Notre confrère nous fait part de sa réflexion à la suite de l’article paru sur le site Planete-vet concernant la création du Comité national d’éthique sur l’expérimentation animale.