Les laboratoires pharmaceutiques sont-ils trop présents dans la formation continue ?

Ils devraient être partenaires de la formation

Afin de me tenir au courant de l’actualité professionnelle, je lis régulièrement diverses revues qui délivrent, à mon avis, l’information la plus complète sur les techniques de pointe et les dernières nouveautés. Je profite également de la formation et des congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), dont je suis membre et trésorier de la section Centre. Cet enseignement est performant, il donne d’ailleurs droit à des points de formation continue, attribués lors de la participation à chaque congrès. Cela nous donne l’occasion de mettre en avant notre formation et, surtout, de nous maintenir à un bon niveau de compétence. Il est impossible, aujourd’hui, de sortir des écoles vétérinaires puis d’exercer, comme cela, jusqu’à la retraite. Le vétérinaire, comme le médecin, doit offrir au client la technique la plus adaptée, la plus récente, et doit donc continuer à se former.

Les formations dispensées par les laboratoires pharmaceutiques ne donnent pas lieu à des points de formation continue, ce qui est normal puisque le laboratoire met en avant l’un de ses produits. Cependant, l’information qui y est donnée est souvent de bonne qualité, les cas cliniques et les intervenants sont performants et la convivialité et les repas offerts dépassent souvent le budget d’une association ! Ne soyons pas dupes, nous aimons tous passer une soirée payée par un laboratoire pour profiter du moment, plus que de l’information délivrée.

Les laboratoires devraient être des partenaires des formations continues, car nous croulons sous les invitations à diverses soirées, journées de formation ou congrès, et il serait bon d’instaurer un partenariat renforcé entre ces derniers et les associations professionnelles. Ainsi, les diverses réunions ne se chevaucheraient pas et les thèmes seraient plus variés.

Ces réunions sont complémentaires

Je suis plutôt content de l’implication des laboratoires dans notre formation continue. Je participe en moyenne deux fois par mois aux réunions qu’ils organisent. Je choisis avant tout des soirées en rapport avec une nouveauté thérapeutique, surtout lorsque le produit est technique ou nécessite un suivi (traitement endocrinien notamment). Ces réunions sont souvent enrichissantes, à condition de ne pas être naïf, et m’obligent à réfléchir. D’ailleurs, je ne manque pas de rappeler le délégué concurrent en cas de divergence importante entre les discours de l’un et de l’autre. C’est aussi souvent l’occasion pour chacun de partager son expérience sur la gestion de cas pratiques. Seul regret : l’impression que parfois le laboratoire choisit l’exposé d’abord selon l’orateur présumé plutôt que le sujet traité. Le résultat est que le public assiste une énième fois à la même démonstration, sans aucune innovation ni même réactualisation scientifique.

Je trouve ce genre de formation complémentaire aux journées ou congrès de l’Afvac et aux abonnements à des revues spécialisées. Le téléchargement d’articles via l’Internet est en outre appréciable. Je suis également souvent intéressé par les offres commerciales qui proposent des ouvrages vétérinaires que je préfère de plus en plus aux unités gratuites. Enfin, je suis étonné que les laboratoires n’aident pas davantage les vétérinaires français à participer à des congrès internationaux comme c’est le cas pour les médecins.

Les formations sponsorisées ne sont pas crédibles, elles sont purement promotionnelles et commerciales

Afin d’assurer ma formation continue, je me suis abonné à des revues américaines spécialisées (j’exerce une activité de référé pour les nouveaux animaux de compagnie). Par ailleurs, je suis régulièrement des formations postuniversitaires en milieu médical humain, car elles sont de très bonne qualité et aboutissent à des diplômes universitaires. Je fréquente peu les congrès professionnels que je trouve un peu redondants.

Lorsque je m’y rends, c’est généralement pour rencontrer des confrères ou les délégués des laboratoires. Je reçois des invitations aux soirées que ces derniers organisent.

Je les trouve purement promotionnelles et commerciales, et n’y vais que lorsqu’elles concernent un produit ciblé, dont l’exposé technique peut être intéressant en pratique quotidienne. J’apprécie cependant leur aspect convivial, et je trouve que c’est tout à fait le rôle des laboratoires d’organiser ce type de rencontres. En revanche, certains laboratoires sponsorisent des “formations” d’un jour ou deux. Leur implication dans ces journées n’est pas claire, mais le thème choisi est probablement motivé par le laboratoire, ce qui décrédibilise ces journées de formation. Je comprends leur point de vue et leur logique commerciale, mais je n’adhère absolument pas à ces pratiques, qui n’offrent pas le message scientifique que je recherche. De même, je trouve la participation des laboratoires dans l’organisation de séjours à thèmes du type « dermatologie et croisière sur le Nil » un peu douteuse. En revanche, je trouve positif que certains laboratoires proposent des participations financières à des formations ou encore qu’ils offrent des livres scientifiques, des cédéroms ou des DVD.