Le sevrage sur place réduirait d’environ 20 % le niveau d’androsténone des porcs non castrés

A partir de 2009, les Norvégiens n’auront plus le droit de castrer les porcelets. Cela risque de se traduire par un taux élevé d’animaux dont la viande sera inconsommable. En effet, la non-castration des verrats en élevage peut être à l’origine d’une mauvaise odeur et d’un mauvais goût de la viande après l’abattage. Ces inconvénients sont dus à un taux élevé d’androsténone et de scatole.

Si plusieurs moyens (alimentation, conditions environnementales) ont été proposés pour réduire le niveau de scatole dans les carcasses, la diminution de la proportion d’androsténone semble plus difficile. Il s’agit d’un stéroïde produit par les testicules. Le niveau de cette production est étroitement associé à l’apparition de la puberté. Cette dernière, à son tour, peut être influencée par les mouvements et les mélanges d’animaux. Une étude⁽¹⁾ compare les niveaux d’androsténone et de scatole obtenus chez des porcs mâles non castrés selon qu’ils ont été élevés par la technique de sevrage sur place ou par la méthode “conventionnelle”. La première consiste à élever chaque portée de porcs dans sa case de naissance jusqu’au moment de leur abattage. Cette méthode, qui évite tout mouvement et mélange d’animaux, est généralement utilisée à des fins zootechniques, car cela assure habituellement une meilleure croissance des animaux. Trois exploitations sont incluses dans l’étude. Dans chacune, trois bandes sont suivies. Dans chaque bande, les animaux sevrés sur place sont comparés à des animaux mélangés (provenant de trois portées différentes) à un poids d’environ 25 kg. Dans les élevages 1 et 3, les animaux sont de type Noroc (mère Landrace norvégien x Yorkshire, père Landrace norvégien x Duroc).

Dans le deuxième troupeau, 60 % des animaux sont de type Noroc, les autres appartenant à différents schémas. Au total, 1 405 porcs entiers sont inclus dans l’étude. L’androsténone et le scatole sont mesurés dans des échantillons du gras dorsal.

En fin d’étude, les carcasses des animaux sevrés sur place sont en moyenne plus lourdes de 800 g que celles des animaux témoins (différence significative : p = 0,015). Le taux de viande maigre moyen (56,7 %) n’est pas statistiquement différent entre les groupes.

La différence du taux d’androsténone est significative, pas celle du scatole

Une fois l’ajustement effectué sur différents facteurs (troupeaux, races, saisons, poids), le niveau moyen d’androsténone est de 0,82 µg/g pour les animaux sevrés sur place et de 1,00 µg/g pour les témoins. La proportion d’animaux ayant un taux d’androsténone supérieur à 1 µg/g s’élève à 44,8 % parmi les animaux sevrés sur place au lieu de 52,7 % pour les témoins. Pour le scatole, la différence entre les deux groupes n’est pas significative.

Les auteurs concluent que ce système d’élevage pourrait permettre de diminuer le taux de carcasses impropres à la consommation humaine, même s’il n’est pas suffisant pour résoudre à lui seul ce problème.

Les techniques d’élevage, comme le montre cette expérimentation, représentent l’un des axes de recherche pour faire face à la remise en cause de la castration des porcelets pour des raisons de bien-être animal. La castration pharmaceutique (en particulier immunologique) en constitue un autre.

• B. Fredrikssen, B.M. Lium, C.H. Martha, B.T. Heuer, D. Dahl, J.U. Choinski, O. Nafstad : « Entire male pigs in a farrow to finish system. Effects on androstenone and skatole », Livestock Science, 2006, n° 102, pp. 146-154.