Fièvre catarrhale ovine. Piégeage d’insectes potentiellement vecteurs
Actualité
Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet
L’épizootie de blue tongue, qui a débuté aux Pays-Bas le 17 août dernier, a déclenché la mise en place de missions entomologiques dans le nord-est de la France. Deux opérations menées par des entomologistes du Cirad(1) et de l’université Pasteur de Strasbourg se sont déroulées du 24 au 26 août et du 5 au 6 septembre derniers. Des piégeages ont été réalisés dans vingt sites. Aucun spécimen de Culicoides imicola, le vecteur responsable des cas de fièvre catarrhale ovine dans le sud de l’Europe, n’a été capturé. D’autres vecteurs potentiels ont néanmoins été piégés : Culicoides obsoletus/ scoticus, C. pulicaris et C. nubeculosus. Ils sont normalement présents dans ces régions.
Quel est exactement leur rôle dans l’épizootie actuelle (voir encadré « définition d’un vecteur ») ? Difficile à dire pour le moment.
En France, quatre foyers ont été identifiés depuis le 30 août dernier à Brognon, Hierges, Tailly (Ardennes) et à Beaurieux (Nord). Au 18 septembre, la Belgique comptabilisait 94 foyers, l’Allemagne 71 et les Pays-Bas 47.
Les bovins, espèce réservoir, chez qui l’infection passe généralement inaperçue développent des symptômes de la maladie : des œdèmes et des ulcérations buccales ou nasales, de l’hypersalivation, des boiteries, un œdème ainsi qu’un érythème des mamelles. Sur les quatre bovins français positifs, deux présentaient des signes cliniques. Les deux autres ont été diagnostiqués dans le cadre d’un dépistage sérologique réalisé dans des zones à risque.
Le virus en cause est de sérotype 8. Ce dernier n’avait encore jamais été identifié en Europe.
« Cette épizootie pose beaucoup de questions, estime Guillaume Gerbier, épidémiologiste au Cirad. Son épicentre se situe aux environs de Maastricht. La vague de foyers s’amenuise en allant vers la France. Nous n’avons que des traces de cette épizootie. Pour l’instant, la circulation du virus en France est faible. Nous n’avons observé que quelques cas. » La prochaine étape est désormais de rechercher le virus dans les insectes capturés afin d’identifier plus précisément le ou les espèces vecteurs.
Depuis 2002, un suivi entomologique est en place dans le sud de la France. Il permet d’identifier dans le temps et dans l’espace l’ensemble des Culicoides présents sur les sites de piégeage. Cette année, douze sont opérationnels en Corse, vingt-six sur le pourtour méditerranéen et six dans les Pyrénées-Atlantiques. Ce réseau de surveillance est réactivé tous les ans. Quelques spécimens de Culicoides imicola ont ainsi été décelés en France continentale en 2003. Puis une population permanente de l’insecte a été mise en évidence sur le littoral est du Var en 2004, sans qu’aucun cas de la maladie n’ait pour l’instant été identifié.
L’extension de l’aire de répartition de ce vecteur est en partie responsable de celle de la maladie, observée depuis plusieurs années dans le bassin méditerranéen. La chaleur, l’humidité et le vent sont des facteurs favorisants.
La Corse a déjà subi trois vagues épizootiques, en 2000 et 2001 (sérotype 2), en 2003 et 2004 (sérotype 4) et en 2004 (sérotype 16).
Un vecteur d’arbovirus peut être défini comme un arthropode qui transmet le virus d’un hôte vertébré à un autre par piqûre. Au cours de la piqûre, le vecteur peut sucer du sang ou des liquides tissulaires contenant le virus et, après une période de durée variable pendant laquelle le virus se multiplie à l’intérieur de son organisme, peut transmettre celui-ci à un autre vertébré par une autre piqûre. Cette définition stricte exclut la transmission mécanique dans laquelle le virus est transféré d’un hôte à un autre par suite d’une contamination purement externe des pièces buccales de l’arthropode ou d’autres parties de son organisme.
Pour prouver qu’un insecte est vecteur il faut que :
- la bioécologie de l’insecte (densité, préférence trophique, longévité, etc.) soit compatible avec la transmission (notion de capacité vectorielle) ;
- l’insecte soit “compétent”, c’est-à-dire que l’agent puisse se multiplier en son sein (mesuré par infection expérimentale) ;
- des spécimens aient été trouvés infectés sur le terrain.
Source : Cirad.
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