La motivation du propriétaire est la pierre angulaire du traitement de l’obésité

Le traitement de l’obésité est un enjeu médical et économique pour le praticien : 25 % de la population canine et de la population féline sont obèses, alors que seulement 7 % de ces animaux présentés en consultation suivent un traitement contre cette maladie.

La particularité de cette affection est qu’elle nécessite une éducation du propriétaire au travers d’un changement des habitudes alimentaires de l’animal. La pierre angulaire du traitement de l’obésité en effet est la motivation du maître, sans laquelle toute proposition de traitement est vouée à l’échec. La motivation passe par différentes étapes qui, si elles ne sont pas suivies une à une, entraînent une rechute (^{voir graphique}).

Fréquemment, le client n’a pas conscience du surpoids de son animal ou ne le considère pas comme une anomalie. Il est en état de précontemplation. Le déni de la situation est alors souvent de règle (« ce sont les poils », « c’est l’hiver »). Le rôle du vétérinaire est d’objectiver le poids (pesée, palpation des côtes, etc.) dans le but de faire dire au propriétaire que son animal est gros.

Une fois cette première étape franchie, le stade de la contemplation est atteint. Le propriétaire prend conscience du problème, mais il peut revenir en arrière à tout moment (« c’est la race qui veut ça », « il est castré »). A ce niveau, le maître a du mal à accepter de changer ses habitudes. Le praticien doit, dans ce cas, mettre en avant les effets délétères de l’obésité pour conforter, chez le propriétaire, le sentiment que son animal présente un risque. Ce n’est qu’à ce moment qu’une prescription peut être envisagée, même si l’atteinte de la contemplation peut prendre plusieurs années… Il est indispensable d’orienter le maître vers des changements “légers”, qu’il sera capable de mettre en pratique, car il peut rester réticent au changement, arguant qu’il ne veut pas dépenser plus, qu’il souhaite continuer à distribuer des friandises, ou que l’animal sera malheureux et n’aimera pas le nouvel aliment… Le vétérinaire doit aplanir les difficultés, en proposant une nourriture appétente, en fixant des objectifs de poids cible réalistes, en précisant la durée du régime et son coût. Les récompenses restent autorisées (prélevées sur la ration), mais le jeu ou les caresses peuvent toutefois les remplacer avantageusement.

Lors de la mise en place du traitement (action), le praticien doit soutenir le propriétaire, le féliciter pour tout progrès, même infime, et lui assurer qu’il ne sera pas tenu pour responsable en cas d’échec. Les obstacles possibles doivent être présentés (refus de s’alimenter les premiers jours) et il convient de souligner l’importance de l’exercice. A ce stade, l’objectif est d’installer des habitudes. Il est également essentiel de prévoir une fin au traitement pour consolider ces habitudes.

Vient en suite la dernière étape, qui est celle du maintien, dans laquelle la couverture de la totalité du besoin énergétique d’entretien doit être retrouvée. Un certain degré “d’effet yo-yo” est autorisé dans des limites préétablies.

Au travers du traitement de l’obésité, toute la relation entre le maître et l’animal est redéfinie, notamment l’abandon d’un rapport “tout alimentaire” dans lequel des friandises sont distribuées à tout va en tant que récompenses ou comme outils de déculpabilisation. La redéfinition des habitudes alimentaires est d’ailleurs souvent la première étape des traitements comportementaux.

• Source : « Approche comportementale de l’obésité », conférence de Gérard Muller, praticien à Lille (Nord), secrétaire du Groupe d’étude en comportement des animaux familiers de l’Afvac (Gecaf), diplomate ECBVM, vice-président de Zoopsy, présentée lors d’une journée organisée par Royal Canin le 3 octobre 2006.