Vaut-il mieux être un saumon ou une sardine ?

Le « tarmac » de la profession⁽¹⁾ semble en effet bien encombré : nouveau cursus, spécialisation, validation des acquis de l’expérience (VAE), formation postuniversitaire, accès aux médicaments, utilisation des rayons X, etc.

La réponse au souci d’organisation générale est sans doute plus simple qu’il n’y paraît, si l’on se donne la peine de se référer à la finalité de notre profession dans sa version libérale : la satisfaction des besoins implicites ou explicites de notre clientèle.

Loin de toute idéologie, la légitimité des structures les plus techniques (centre hospitalier vétérinaire par exemple) en serait confirmée par la fréquentation spontanée ou référée des clients à la recherche de soins toujours plus élaborés. Le contraire se traduirait par l’échec économique, ce qu’à Dieu ne plaise. Il convient ici de saluer le courage des praticiens modernes, qui œuvrent en complément des structures traditionnelles et contribuent largement à la formation des plus jeunes comme aux progrès de la science. Tout le monde devrait y trouver son compte, à condition que le Conseil supérieur de l’Ordre, nécessaire autorité de régulation, se décide à imposer la transparence indispensable à l’information du client. Guide Michelin ou Guide du Routard, peu importe la manière pourvu que le contrôle soit effectif, sans préavis et surtout sans plainte préalable, comme dans toutes les professions soumises à une règle du jeu. A l’instar de son homologue britannique, l’Ordre pourrait ainsi décerner un logo d’accréditation comme gage de « bonne pratique vétérinaire »⁽²⁾.

Les praticiens ne pourraient que s’en féliciter, puisque la transparence ne nuit qu’à ceux qui se complaisent dans l’opacité, voire l’obscurantisme. De même, le respect d’une réglementation, toujours plus complexe (RX, médicaments anticancéreux, etc.) ne pénaliserait plus seulement les meilleurs élèves, les plus prompts à se mettre en conformité…

De vrais espaces d’avenir pourraient enfin s’ouvrir pour les jeunes “spécialistes”. Nos édiles pourront alors se pencher tranquillement, et surtout sereinement, sur les eurocompatibilités, incontournables, mais de moindre urgence, puisque le malade n’est pas en danger et la juste réglementation sera d’autant plus applicable qu’elle sera réputée difficilement contournable.

Il y a quelque temps, dans ces colonnes, un confrère était comparé à un salmonidé nageant à contre-courant pour son refus de se plier à un eurodogmatisme dépourvu de discernement.

Vaut-il mieux être un saumon qui lutte pour assurer la pérennité de l’espèce, quitte à nager contre le courant, ou une sardine qui empêche la sortie du port vers tout espace évolutif ?

• (1) Voir La semaine Vétérinaire n° 1242 du 21/10/2006, pp. 32-34.

• (2) Voir La semaine Vétérinaire n° 1237 du 16/9/2006 en page 32.